Russie: le défilé militaire du 9-Mai très réduit déclenche les moqueries de Kiev

L'an dernier, le défilé militaire du 9-Mai à Moscou avait fait trembler les pavés au passage des redoutables chars T-14 Armata ou T-74. La puissance militaire du Kremlin était aussi affichée avec le passage de gigantesques missiles balistiques intercontinentaux dotés d'ogives thermonucléaires. En 2022, 131 véhicules avaient participé à l'évènement. En 2023, ils n'étaient que quelques dizaines seulement et pas les plus modernes.
Après plus d'un an de guerre en Ukraine, l'édition 2023 de ce défilé n'a en effet rien fait vibrer. Moscou s'est contenté de faire passer quelques dizaines de véhicules avec en tête un char T-34, symbole de la Seconde Guerre mondiale.
Construit dès 1940 à Kharkiv, en Ukraine, il était considéré à l'époque comme le "meilleur char du monde. Aujourd'hui, sa place n'est plus sur les champs de bataille, mais dans les musées.

Une puissance militaire éreintée
Stratégie ou erreur de communication? Tout le monde s'interroge sur le sens du message adressé à Kiev par Vladimir Poutine en ce jour anniversaire de la victoire sur les armées nazis. En Ukraine, cette démonstration a été utilisée pour railler une puissance militaire éreintée face à des troupes ukrainiennes détermlinées et puissamment armées par l'Occident.
"C'était l'un des plus petits (défilé) de l'histoire russe, prenant moins de 10 minutes", pointe Anton Gerashchenko, conseiller auprès du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
Dans un tweet, le ministère ukrainien de la Défense n'a pas non plus raté l'occasion de tacler l'armée russe.
"On trouve plus facilement des équipements militaires modernes russes dans les expositions de trophées militaires ukrainiens qu'au défilé de la victoire à Moscou".
"Le seul char présent au "défilé militaire" russe est l'ancien T-34. On ne peut que deviner ce qui est arrivé aux autres", publie le site ukrainien anglophone Ukrainska Pravda.
Pour les soutiens de l'Ukraine, ce défilé a même été une occasion de se moquer ouvertement de l'armée russe en général et du Kremlin en particulier sur les réseaux sociaux.
En face, les partisans de Moscou ont bien tenté d'ouvrir un contre feu en réfutant la présence d'un seul T-34 et en affirmant avoir vu des dizaines de blindés chenillés de toute dernière génération.
Ils ont même diffusé des vidéos les montrant avec un équipage saluant fièrement le président russe. Des montages ou des créations faites par une intelligence artificielle? Ni l'un, ni l'autre. Ces images sont bien réelles, mais elles dataient d'il y a un an.

En mai 2022, après 75 jours de combats, la Russie pensait encore venir à bout de l'armée ukrainienne et montrait toute sa puissance militaire. Une année plus tard et des centaines de milliers de morts dans les deux camps, elle n'a réussi à gagner que quelques dizaines de kilomètres carrés de terrain qu'elle pourrait perdre faute de munitions et de soldats motivés avec la contre-offensive que compte lancer Kiev dans les prochaines semaines.
Deux faiblesses que pointe même le chef du groupe armée Wagner dans des messages cinglants adressés à Moscou. Ce même 9 mai, il n'a pas hésité à accuser la hiérarchie militaire russe d'"intrigues" et de ne pas tenir sa promesse de livrer des munitions, et de fuir le champ de bataille à Bakhmout.
