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Défense

"Respecter les accords conclus": Paris et Berlin cherchent à régler le différend sur l'avion européen à 100 milliards d'euros (l'attitude de Dassault agace l'Allemagne)

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Les ministres de la Défense allemand et français devront soumettre d'ici à la fin du mois d'août de propositions "pour résoudre des conflits existants" sur le Scaf.

Le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron se sont mis d'accord mercredi pour tenter de résoudre les différends portant sur le projet d'avion de combat du futur (Scaf) d'ici la fin du mois d'août, a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand.

Les deux dirigeants ont discuté du projet, dont le coût est estimé à plus de 100 milliards d'euros, lors d'un dîner organisé à l'occasion du déplacement d'Emmanuel Macron à Berlin. Le projet a connu des retards et est victime de querelles intestines sur le partage des tâches et les droits de propriété intellectuelle entre la France et l'Allemagne, ainsi qu'entre leurs industries nationales respectives.

"Les ministres de la Défense ont été chargés d'évaluer, d'ici la fin du mois d'août, des perspectives réalistes pour la poursuite de la coopération au sein du consortium Scaf et de soumettre des propositions pour résoudre les conflits existants", a déclaré le porte-parole allemand.

La France veut 80% de participation dans le projet

Le français Dassault Aviation, Airbus, qui représente l'Allemagne, et l'espagnol Indra sont impliqués dans le projet visant à remplacer à partir de 2040 le Rafale français et les Eurofighters allemands et espagnols par un avion de combat de cinquième génération.

Les pays sont en désaccord sur la composition du consortium, et la France a fait savoir ce mois-ci à l'Allemagne qu'elle souhaitait obtenir une participation d'environ 80% dans le projet, a déclaré à Reuters une source au sein de l'industrie de la défense.

Le PDG de Dassault, Éric Trappier, a de nouveau pointé ce mardi 22 juillet l'inefficacité du programme européen Scaf, le système de combat aérien du futur, développé par la France, l'Allemagne et l'Espagne, estimant qu'il ne pouvait être mené à bien dans sa forme actuelle.

"Citez-moi un seul exemple de projet ambitieux industriel dans le monde où il n'y a pas un leader", a-t-il encore lancé lors de la conférence des résultats trimestriels de Dassault

"Respecter les accords conclus"

L'Allemagne attend de Dassault qu'il respecte les accords existants, a déclaré le porte-parole allemand. Friedrich Merz et Emmanuel Macron ont également abordé la politique spatiale européenne, l'Ukraine, le Proche-Orient et les négociations commerciales avec les États-Unis, a indiqué le porte-parole.

Friedrich Merz insiste lui sur la nécessité de "respecter les accord conclus" sur le partage des tâches. Le Scaf a pour objectif de remplacer le Rafale en France et Eurofighter en Allemagne et en Espagne à l'horizon de 2040.

Pour tenter d'éviter l'échec pur et simple du programme, les deux ministres de la Défense français et allemand ont été chargés "d'évaluer d'ici fin août les perspectives réalistes de poursuite de la coopération au sein du consortium et de soumettre des propositions pour le règlement des conflits existants", a indiqué la chancellerie.

Avec l'idée d'en tirer des conclusions lors du Conseil des ministres franco-allemand qui se déroulera les 28-29 août en France, à Toulon, dont la rade abrite une des deux grandes bases navales françaises.

P.L. avec Reuters et AFP