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Recutement: en 2023, l'armée de Terre accuse un déficit de 2000 à 2500 soldats, officiers compris

Des parachutistes français participant à un exercices ur la base militaire de Caylus, dans le sud-ouest de la France, le 23 mai 2023.

Des parachutistes français participant à un exercices ur la base militaire de Caylus, dans le sud-ouest de la France, le 23 mai 2023. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Lors d'une rencontre avec l'association des journalistes défense (AJD), le général Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre (Cemat) et le général Marc Conruyt, DRH de l'armée de Terre, ont pointé une importante crise des vocations.

Manque de munitions ou d'équipements dans les armées. Mais si le principal souci était ailleurs? Lors d'une rencontre avec l'association des journalistes défense (AJD), le général Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre (Cemat) et le général Marc Conruyt, DRH de l'armée de Terre, ont pointé une importante crise des vocations.

"Nous estimons qu'il devrait nous manquer de l'ordre de 2000 à 2500 militaires à la fin de l'année, au regard de ce que nous avions prévu, essentiellement dans la population des militaires du rang et aussi à la marge dans la population des sous-officiers", a reconnu le général Conruyt.

Dans le détail, le DRH précise que ce chiffre comprend l'ensemble des trois catégories de militaires, les militaires du rang, les sous-officiers, mais aussi les officiers. "Cette année, ça a été un petit peu plus difficile, un petit peu plus beaucoup difficile, dirons-nous", lâche le DRH des "terriens" en signalant que ce n'est pas un problème français.

"Il suffit de voir ce qui se passe dans les autres armées occidentales (...) dans la Bundeswehr, dans l'US Army où il manque des dizaines de milliers de soldats pour faire les effectifs dont ils ont besoin", note le général Conruyt.

En 2018, pour faire face à une pénurie de recrutements, l'armée allemande a même envisagé de recruter des spécialistes issus d'autres États membres de l'UE.

"Questions de style de vie"

Cette situation n'est pas arrivée par surprise. Elle a démarré après la fougue des recrutements en 2015 après la vague d'attentats. Elle s'est sans doute accentuée avec la fin de l'opération Barkhane. Des soldats habitués aux missions extérieures (Opex) qui permettent d'obtenir des meilleures rémunérations sont conduits à faire des rondes dans les rues des grandes villes dans le cadre de l'opération Sentinelle.

"Oui, il y a l'aspect Barkhane, Opex, etc. Mais, il n'y a pas que ça qui les fait rêver encore. Aller à Harpie en Guyane pour faire de la lutte contre l'orpaillage, aller en centre commando, aller passer le brevet para. On a des multitudes de choses qui parlent encore à un jeune d'aujourd'hui et qui représentent l'aventure", explique le général Conruyt.

La chute des vocations a d'autres origines. Le général Schill, chef d'état-major de l'Armée de Terre observe de près les "évolutions sociales et sociétales" dont il faut tenir compte.

"C'est un truisme de le dire. (...) La restructuration du marché de l'emploi et la diminution du chômage (...) nous met davantage en concurrence", constate le Cemat en soulevant aussi "des questions de style de vie".

Pour créer des vocations et fidéliser les militaires en place, l'armée de Terre a mis en place un dispositif financé dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030 avec un plan famille d'un montant de 750 millions d'euros.

Le plan famille de l'armée
Le plan famille de l'armée © Minarm

L'objectif est d'attirer et de conserver des talents dans des métiers en tension que les entreprises s'arrachent, améliorer les conditions de vie, les revenus et mieux faire évoluer les carrières.

En parallèle de ces plans, l'armée compte de plus en plus sur les réservistes qui doivent représenter en 2030 un tiers des effectifs militaires. Pour l'armée de Terre, leur nombre va doubler pour passer de 24.000 à 48.000 réservistes à la fin de la décennie "avec une ambition encore plus élevée d'un réserviste pour deux actifs à l'horizon 2035".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco