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Défense

"La défense exclusivement par le mur est vouée à l'échec": le patron de l'armée de Terre attend du "mur" antidrones européen qu'il démontre sa "pertinence"

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La Commission européenne a proposé de bâtir un "mur anti-drones" après les incursions de drones russes dans l'espace aérien européen.

Le "mur" antidrones, proposé par la Commission européenne après les récentes incursions de drones russes, devra démontrer sa "pertinence", a estimé le chef d'état-major de l'armée de Terre française, pour qui il n'y a pas de "martingale" contre les drones.

L'Initiative européenne pour les drones (Eddi) a le mérite de montrer une "volonté manifeste (des Européens, ndlr) de répondre à des attaques potentielles et des menaces", a jugé le général Pierre Schill devant la presse. Mais "c'est dans les détails et la rapidité du déploiement que se jugera la pertinence de ce sujet", selon lui. "Est-ce que ça va être un mur étanche sur les milliers de kilomètres de frontières de l'Otan? Est-ce que ça va combiner des moyens de détection et des moyens de destruction dans la profondeur? Est-ce que ce sera concentré sur certains points?", s'est-il interrogé.

Plus généralement, "la défense exclusivement par le mur est vouée à l'échec parce qu'elle laisse à l'attaquant l'initiative et elle oblige le défenseur à être fort partout", a observé le général Schill.
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Pour le chef d'état-major, "dans le combat immémorial de l'épée et de la cuirasse, c'est l'épée qui a l'avantage, c'est les drones qui aujourd'hui l'emportent sur la défense. On n'a pas trouvé la martingale contre les drones, c'est une réalité". La réponse ne sera pas un outil unique mais vraisemblablement une "combinaison" de moyens, comme les lasers, les drones intercepteurs ou encore le brouillage.

"Être prêt et le faire savoir"

Bruxelles souhaite la constitution, dès l'an prochain, d'un système de détection à l'aide de capteurs terrestres ou par satellite, avant de se doter de capacités de traçage et d'interception de drones d'ici à 2027.

Face aux attaques hybrides menées par Moscou, il faut "se montrer suffisamment fort et crédible" pour dissuader, estime encore le général Schill, selon qui il faut "être prêt et le faire savoir".

De février à avril, l'armée française mènera notamment Orion 26, un vaste exercice interarmées incluant des nations alliées, qui constituera pour le chef d'état-major de l'armée de Terre "un signal envoyé à nos adversaires et à nos alliés", afin d'être "redouté" par les premiers, "reconnu" par les seconds.

J. Br. avec AFP