L'Allemagne exclut de livrer des missiles de longue portée à l'Ukraine

Le ministre allemand de la Défense a réaffirmé jeudi sa réticence à livrer des missiles de croisière demandés par Kiev pour repousser les forces russes et à suivre ainsi l'exemple du Royaume-Uni et de la France. Une décision sur les Taurus, des missiles de croisière air-sol d'une portée de plus de 500 km, "n'est pas prioritaire", a déclaré Boris Pistorius en marge d'une visite dans une brigade de chasseurs alpins en Bavière.
"Les objections" allemandes "sont évidentes", a-t-il poursuivi, soulignant la portée de cet armement qui permettrait aux forces ukrainiennes de frapper très loin derrière la ligne de front dans l'est de l'Ukraine. Par ailleurs, les États-Unis ne fournissent pas non plus ce type de missiles, a-t-il ajouté.
Emboîtant le pas au Royaume-Uni, la France avait quant à elle annoncé au sommet de l'Otan à la mi-juillet la livraison à l'Ukraine de missiles franco-britanniques de longue portée Scalp, appelés Storm Shadow outre-Manche.
Le parti d'Olaf Scholz redoute une escalade du conflit avec la Russie
Le ministère allemand de la Défense avait déclaré fin mai avoir reçu une demande officielle de Kiev concernant des livraisons de Taurus, transportés par des chasseurs et fabriqués par la société germano-suédoise du même nom. La Bundeswehr disposerait d'environ 600 unités, dont 150 opérationnelles, selon le député libéral Marcus Faber, membre de la commission Défense du Bundestag.
Sur fond de contre-offensive difficile déclenchée par l'Ukraine contre les troupes russes, l'ambassadeur ukrainien à Berlin a récemment réitéré cette demande et reçu le soutien tant de l'opposition conservatrice que des écologistes et des libéraux du FDP, membres de la coalition gouvernementale du social-démocrate Olaf Scholz. Mais le parti du chancelier redoute une escalade du conflit avec la Russie dans le cas où ce type d'armement serait mis à la disposition de l'Ukraine.
L'Allemagne reste par ailleurs opposée à un soutien à l'aviation ukrainienne, à aider par exemple à la livraison de chasseurs F-16. Ce pays a toutefois nettement augmenté ses fournitures d'armements à Kiev au cours des derniers mois, livrant en particulier après moult tergiversations des chars de type Leopard. Berlin est "en pointe dans le domaine de la défense antiaérienne, du soutien à la formation et des véhicules d'exploration et blindés", a dit Boris Pistorius, et "il s'agit de notre plus grande priorité".