Dôme de fer, Arrow 3: comment a fonctionné le dispositif antiaérien d'Israël lors de l'attaque de l'Iran

L'ange gardien d'une nation. Quelques heures après l'attaque massive de missiles iraniens en direction d'Israël, l'armée israélienne a indiqué avoir intercepté un grand nombre de ces engins, dont des missiles balistiques hypersoniques de type Fattah. "Il y a eu quelques impacts dans le centre et d'autres dans le sud du pays", a précisé le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.
Si plusieurs pays dont les États-Unis et la France ont dit avoir mobilisé des moyens militaires afin de participer à ces interceptions, le peu de dommages de l'attaque iranienne et le chiffre humain de deux blessés sur le territoire israélien semblent en grande partie revenir au dispositif de défense antiaérien mis en place par Israël depuis des années.

Le "Dôme de fer", rempart depuis 2011
Depuis sa mise en service en 2011, le système de défense aérienne israélien "Dôme de fer" a intercepté des milliers de roquettes. Il a été largement utilisé pour protéger les sites militaires et civils des tirs fréquents de roquettes en provenance de Gaza et du Liban dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, ainsi que lors des attaques iraniennes directes visant Israël lancées le 13 avril et ce mardi.
Israël a d'abord développé seul le "Dôme de fer" après la guerre du Liban de 2006, avant d'être rejoint par les États-Unis, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de défense et des milliards de dollars de soutien financier.
Il s'accompagne d'autres systèmes de défense antimissile tels que le système Arrow, destiné à contrer les missiles balistiques, et le système David's Sling ("fronde de David", en français), dont l'objectif est de contrer les attaques de roquettes ou de missiles à moyenne portée.
Fort taux d'interception?
Chaque batterie de ce "Dôme de fer" se compose de trois parties principales: un système de détection radar, un ordinateur qui calcule la trajectoire de la roquette entrante et un lanceur qui tire des intercepteurs si la roquette est susceptible de toucher une zone bâtie ou stratégique.

Le système a un taux d'interception d'environ 90%, selon l'entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception.
Un chiffre nuancé par Jean-Loup Samaan, chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient de l'université de Singapour, qui auprès d'Euronews souligne que seules les roquettes et missiles qui menacent une zone urbaine sont interceptés.
"Si une roquette est envoyée de Gaza vers une zone non peuplée d'Israël, le Dôme de fer ne sera pas activé. Il est donc difficile de dire exactement ce qui se cache derrière ce taux d'efficacité de 90 %", pointe-t-il.
Chaque intercepteur du Dôme de fer coûte entre 40.000 et 50.000 dollars (37.500 à 46.900 euros) à produire, selon le Centre d'études stratégiques et internationales, basé à Washington.
Ce dernier estime qu'un système complet, comprenant le radar, l'ordinateur et trois ou quatre lanceurs - chacun contenant jusqu'à 20 intercepteurs - coûte environ 100 millions de dollars à produire.
Le rôle d'Arrow 3
Développé par Israel Aerospace Industries (IAI) avec Boeing et déployé en 2017, Arrow 3, troisième génération de missile antibalistique du même nom, a pour sa part été mis au point pour neutraliser des missiles balistiques, comme cela a été le cas mardi lors de l'attaque iranienne. Il peut agir des altitudes de plus de 100 kilomètres et avec une portée allant jusqu'à 2400 kilomètres.
L'armée israélienne avait annoncé en novembre passé avoir utilisé ce dispositif pour la première fois afin d'intercepter un projectile tiré depuis la région de la mer Rouge par les rebelles houthis au Yémen.
Arrow 3 peut à la fois cibler des missiles intercontinentaux transportant des ogives conventionnelles, mais aussi nucléaires, chimiques ou biologiques. Ultra rapide, il peut modifier sa trajectoire pour cibler les missiles hypersoniques manœuvrables.
Et le dispositif fait des envieux. Il est en effet au coeur du programme de défense aérienne voulu par Berlin à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. D'un montant de 4 milliards de dollars, ce système vise à protéger non seulement l'Allemagne, mais aussi la Pologne, la Roumanie et les trois pays baltes.
L'accord vise une installation pour 2025. Ce sera la première fois que l'Arrow 3 est vendu à un pays étranger.