BFM Business
Entreprises

Danone: les fonds satisfaits, les syndicats inquiets de l'éviction d'Emmanuel Faber

Faber écarté de Danone

Faber écarté de Danone - AFP

Les réactions au remplacement de l'ancien PDG Emmanuel Faber par Gilles Schnepp ne sont évidemment pas unanimes.

Le changement de gouvernance à la tête de Danone va renforcer l'entreprise et profitera à l'ensemble du groupe, a estimé lundi le fonds Artisan Partners, qui a depuis plusieurs mois oeuvré pour le remplacement de l'ancien PDG Emmanuel Faber par Gilles Schnepp, tout comme d'autres fonds comme BlueBell.

"Nous saluons les actions entreprises par le conseil d'administration de Danone. La nomination de nouveaux dirigeants et une meilleure gouvernance d'entreprise va renforcer l'entreprise au profit de toutes les parties prenantes", a déclaré Artisan Partners, dans un court communiqué.

"Bluebell Capital Partners considère la nomination de Gilles Schnepp en tant que président indépendant de Danone comme une excellente nouvelle pour toutes les parties prenantes de Danone", estime le second fonds dans un communiqué séparé.

"Cette décision, parallèlement aux annonces précédentes de scinder les fonctions de directeur général et de président et de rechercher un nouveau directeur général, est en parfaite adéquation avec nos demandes", a ajouté Bluebell.

"Ce sont des premiers pas décisifs pour remettre Danone sur une trajectoire de croissance rentable", a-t-il conclu dans un communiqué.

Les syndicats du géant français de l'agroalimentaire n'ont pas la même opinion. "On est inquiet pour l'emploi, pour nos territoires", a réagi auprès de l'AFP Michel Coudougnes, coordonnateur SNI2A CFE-CGC.

Toujours une entreprise à mission?

"Cette situation semble donner raison aux fonds activistes qui avec quelque 3% du capital arrivent à bouleverser un conseil d'administration", s'est ému Michel Coudougnes.

Il a rappelé qu'à l'initiative du président sortant, Danone est devenu en juin 2020 la première "entreprise à mission" cotée en Bourse, un statut qui l'enjoint à aller au-delà de la recherche de la rentabilité en poursuivant des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux.

"La majorité des salariés a adhéré à ce projet-là. Cela permettait de construire sur l'avenir. Aujourd'hui les cartes sont rebattues, est-ce que ce projet tient toujours ? On a besoin d'avoir des réponses", a réclamé M. Coudougnes.

Même son de cloche de la part d'Hélène Deborde, du syndicat FGA-CFDT, présidente du comité d'information et de consultation mondial: "on soutient une gouvernance respectueuse du social et des questions environnementales, une gouvernance qui fait de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr) depuis 30 ans. La pression des fonds activistes, évidemment, nous inquiète".

La culture d'un capitalisme à visage humain chez Danone n'est pas un fantasme, selon Mme Deborde: "ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème chez Danone, mais c'est la réalité, il y a 30 années de dialogue social international, avec des accords-cadre internationaux", a-t-elle insisté.

La CFDT estime Danone "armé"

L'inquiétude est également de mise pour Laurent Pouillen, coordonnateur Force Ouvrière. Il craint une mise en application de "la stratégie des fonds activistes" à la recherche d'une plus forte rentabilité, avec des "conséquences sociales très graves".

"Il y a un nouveau président qui arrive, Gilles Schnepp et on a besoin qu'il s'exprime maintenant", a-t-il ajouté, souhaitant une rencontre "le plus rapidement possible pour qu'il nous explique sa stratégie, ce qu'il porte pour Danone pour les années à venir".

"C'est surprenant, mais pas forcément plus inquiétant", a estimé à l'inverse Denis Magnin, délégué syndical CFDT des eaux minérales d'Evian, selon qui le groupe se pense "suffisamment armé pour la suite des événements" et voit dans ces décisions une réponse à "des problèmes humains mais pas forcément des problèmes économiques".

"Maintenant, on voit bien qu'à dix jours d'intervalle, il peut y avoir de gros changements, donc on est très méfiant", a-t-il toutefois ajouté.

Olivier Chicheportiche avec AFP