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Coronavirus: les syndicats de PSA s'inquiètent du projet de reprise de la production

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Le projet de reprise de l'activité dévoilé par la direction de PSA a mis le feu aux poudres. FO et la CFTC ont notamment exprimé leur inquiétude dans le contexte sanitaire actuel. Pour certains, la fabrication de respirateurs artificiels, pour la bonne cause, ne doit pas non plus être un alibi cachant cette volonté de reprendre la production automobile.

"La reprise d'activité ne pourra s'envisager qu'après le pic de l'épidémie dans notre pays." Le communiqué diffusé par FO samedi 28 mars sonne comme une réponse cinglante au message affiché par la direction de PSA, la veille. Le constructeur automobile, maison-mère des marques Peugeot, Citroën, DS et Opel, venait de communiquer sur sa volonté de redémarrer la production, après l'arrêt temporaire de ses sites industriels en Europe, acté deux semaines plus tôt pour faire face à la crise sanitaire.

En résumé, la direction de PSA expliquait avoir mis en place les dispositions nécessaires pour garantir la sécurité de ses salariés, de la prise de température, à la fourniture de masques en passant par des temps de travail aménagés notamment pour le lavage régulier des mains. 

Pas de reprise avant la fin du confinement

Aucune date n'avait pour le moment été annoncée mais PSA expliquait avoir créé "les conditions préalables à une reprise des activités". Un redémarrage, de l'activité dès ce lundi 30 mars aurait toutefois été évoqué pour au moins deux sites, Douvrin (Pas-de-Calais) et Valenciennes (Nord), note un article du Monde.

De quoi commencer à agacer les syndicats, qui exprimaient déjà vendredi les premières réticences: pas question de reprendre le travail, même partiellement, avant le 15 avril, date jusqu'à laquelle le confinement a été prolongé, comme l'a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe ce même jour.

Le communiqué de FO ne précise d'ailleurs pas de date précise, préférant parler de la période "après le pic de l'épidémie" et donc a priori après le confinement.

"L'employeur est responsable devant la loi de la santé et de la sécurité des salariés dans son entreprise. Il est tenu à une obligation de sécurité", rappelle la première organisation syndicale chez PSA.

La question des masques et des respirateurs

La CFTC a également réagi ce lundi, en adressant une lettre ouverte au patron du groupe, Carlos Tavares. L'organisation rejoint FO sur une reprise qui ne sera possible qu'une fois "le pic de l'épidémie sera derrière nous" mais ajoute une autre condition liée au contexte de pénurie de masques de protection:

"Les soignants français bénéficieront de tout le matériel de protection nécessaire à l'exercice de leur activité. Il n’est pas question que PSA utilise pour ses propres besoins des masques, des blouses, des lunettes de protection, alors que médecins, infirmières, policiers ne peuvent en bénéficier en nombre suffisant", souligne le courrier de la CFTC.

PSA a pourtant bien conscience de ce manque de masques. Avec ses usines à l'arrêt, le constructeur automobile avait fait don de son stock aux autorités de santé. Au total, PSA a donné 335.000 masques, Renault 120.000 unités.

Certains craignent aussi que la fabrication de respirateurs artificiels ne représente une excuse brandie pour justifier cette reprise de la production automobile.

Renault et PSA étudient en effet la question de près mais d'après Jean-Pierre Mercier, délégué CGT chez PSA, ce serait "un prétexte" pour "relancer la production de boîtes de vitesse" et de véhicules. Il explique à Franceinfo

"On ne peut pas demander à l'ensemble de la population d'être disciplinée par rapport aux règles de confinement, et puis de l'autre côté avoir des directions comme Renault ou PSA qui organisent le déconfinement de dizaines de milliers de personnes. (...) L'urgence vitale aujourd'hui, c'est de fabriquer des respirateurs et non des voitures."

Contactée, la direction du groupe PSA assure que "le redémarrage des usines sera décidé avec les partenaires sociaux et sera accompagné d'audits", afin de valider le niveau de sécurité optimal des protocoles sanitaires mis en place.

Julien Bonnet