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"Ceux qui peuvent partir partent et ils ont raison": Patrick Martin s’insurge contre la pression fiscale

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Le président du Medef s'est insurgé jeudi sur RTL contre la surtaxe sur les grandes entreprises, en disant comprendre celles qui souhaitent délocaliser.

"Je sens la colère monter" a assuré ce matin Patrick Martin, le président du Medef, au micro de RTL ce matin. Il a dit être aligné avec les propos de Bernard Arnault, qui a comparé les mesures prévues aux États-Unis (baisser les impôts sur les sociétés et subventionner les installations d’ateliers) avec celles de la France.

La surtaxe d'impôt sur les sociétés, prévue, pour les plus grosses, dans le budget actuellement en préparation en France pour l'année 2025, consiste à relever d’environ 40% l’impôt sur les sociétés des entreprises réalisant plus de 3 milliards d’euros de chiffres d'affaires. Cette surtaxe devrait rapporter environ 8 milliards d'euros à l'État cette année. Elle a suscité la colère des grands patrons. Pour Patrick Martin, les conséquences sont graves.

"Les conséquences sont que ceux qui peuvent partir partent, et ils ont raison. Je ne les incite pas à partir mais la rationalité veut qu’ils le fassent."

"Quand il y a un pays qui a de la croissance, des conditions attractives en terme de fiscalité et de prix de l’énergie, c’est normal d’y aller", a t-il continué.

"Des débats politiques totalement hors sol"

Patrick Martin a expliqué qu’il était "viscéralement patriote", tout en précisant que "l’effort commun" était quotidien pour les chefs d’entreprise. Les entreprises sont là pour "investir, innover, embaucher" a-t-il précisé.

"Que nos politiques regardent ce qui va se passer en Allemagne! [...] D’un côté à l’autre du Rhin, on change de monde", s'est insurgé Patrick Martin.

Il a comparé les politiques fiscales françaises avec celles de notre voisin outre-Rhin, mais aussi avec celles des États-Unis et du Portugal. En Allemagne, les socialistes allemands "viennent de voter un programme économique en perspective des législatives" qui est "intégralement tourné vers la compétivité". Quant au Portugal, a-t-il continué, le taux d’imposition va baisser à 15% voire à 12,5%.

Aux Etats-Unis, il est prévu que l'impôt sur les sociétés baisse à 15%, et les usines sont subventionnées dans plusieurs États.

"On a des débats politiques totalement hors sol", critique Patrick Martin

Le patron des patrons a expliqué avoir "tiré la sonnette d’alarme au mois d’août", en affirmant qu’une récession allait survenir au quatrième trimestre, et que l’emploi se dégradait. Mais la classe politique "n’a pas entendu", et même "’n'écoute pas".

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Si Patrick Martin a rappelé être conscient de l’équation politique "insoluble", il estime qu’il faut des "réformes structurelles".

Il observe "qu’on ne peut pas supprimer 4.000 emplois dans l’éducation nationale", alors que "ce sont 117.000 emplois qui ont été supprimés dans le secteur privé au quatrième trimestre".

"On a besoin d’un État fort et efficace, mais frugal car la variable d’ajustement en ce moment c’est l’économie" a t-il rappelé.

Louise de Maisonneuve