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Carlos Ghosn se dit "triste" de la situation économique du groupe Renault

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Carlos Ghosn est visé par un mandat d'arrêt international émis par la France, Invité de BFMTV, l’ancien PDG de Renault-Nissan s’est expliqué ce vendredi. Il a jugé sévèrement le bilan de Renault depuis son départ.

Carlos Ghosn étrille la gestion du groupe Renault. Alors que la justice française a délivré un mandat d'arrêt international jeudi contre l'ancien patron de l'alliance Renault Nissan (RNBV) dans le cadre d'une enquête instruite à Nanterre, notamment pour abus de biens sociaux, blanchiment et corruption, l'homme d'affaires a critiqué les choix de son successeur, sans le citer.

"Je suis triste” de la situation de Renault, a exprimé à plusieurs reprises Carlos Ghosn. “C’est une entreprise que j’ai présidée pendant 13 ans avec fierté". Se remémorant sa gestion du groupe et l'alliance avec Nissan qui a permis de “positionner Renault en leader mondial de l’automobile”, l'ancien PDG a rappelé que l'entreprise a eu une période de croissance, de profitabilité, de valorisation exceptionnelle”.

"Quand je regarde ce que Renault est devenu trois ans après, je suis triste”

Selon lui, Renault a connu un avant et un après Carlos Ghosn: "Quand je regarde ce que Renault est devenu trois ans après, je suis triste”, a-t-il déclaré sur BFMTV.

Depuis sa fuite rocambolesque du Japon fin 2019, le milliardaire vit au Liban, d'où il a commenté les choix d'un Renault qui enregistre une baisse de chiffre d'affaires de 2,7% sur un an au premier trimestre 2022.

“On est en train de brader les actifs de l’entreprise. On veut vendre la participation chez Nissan (...) franchement tout ça me rend très triste par rapport au Renault complètement conquérant, global, ancré en France, sûr de son avenir”.

À cette vision, il oppose ce que serait, selon lui, le 'nouveau' Renault: "frileux, agard, absolument pas convaincant". "Ça me rend triste aussi pour les actionnaires de Renault qui ont perdu près des deux tiers de leur valorisation depuis 2018”, année de son départ après la publication des accusations de malversations financières de Carlos Ghosn lui-même.

La Russie "passe par une phase difficile"

Invité à s'exprimer sur la suspension - peut-être définitive - de la présence de Renault en Russie, jugée tardive par certains, l'ancien PDG a tenu un tout autre discours. Il juge que ce départ est “dommage".

"La Russie ne va pas disparaître. C’est un grand pays qui passe par une phase difficile aujourd’hui - l’Ukraine encore plus - mais le marché va rester et un jour ou l’autre la situation se normalisera", pense Carlos Ghosn. "Si Renault ne le fait pas, quelqu'un d'autre le fera", a-t-il affirmé en réponse à Jean-Baptiste Boursier sur BFMTV.

Il assure que cette implantation, via les filiales AvtoVaz et Renault Russie, n'avait pas d'objectif politique autre que de proposer des voitures de qualité "au peuple russe".

Sur la suite de sa vie professionnelle, Carlos Ghosn affirme avoir "tourné la page". Il se dit prêt à se défendre car il est “horrible de vivre une vie sans pouvoir lutter contre la manipulation de la vérité pour moi et pour Renault”. Dans cette affaire où il est accusé de blanchiment et de corruption, l'ancien PDG pense que "les grands perdants sont moi, mais aussi Renault”.

Sofiane Aklouf