"Arrêter l'activité" ou "produire à perte": le dilemme des entreprises énergo-intensives face à la flambée de l'électricité

Voilà des semaines que l'Europe fait face à une flambée sans précédent des prix de l'électricité sur les marchés, dans le sillage du gaz et sur fond de tensions pour l'approvisionnement cet hiver. Une situation qu laisse de nombreuses industries françaises consommatrices démunies:
"Nous avons des prix qui sont en moyenne pour le premier trimestre 2022 à 700 euros le mégawatheure, c’est-à-dire 20 fois ce qu’ils étaient il y a un an. Et le mois de février s’annonce à plus de 1000 euros donc on est à des sommets absolument historiques qui posent des problèmes majeurs aux entreprises", a déclaré ce jeudi sur BFM Business Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN).
Décrivant des prix "devenus complètement fous", sans "aucun contrôle ni aucune forme de retenue", le patron de l'UNIDEN a témoigné de "coups de téléphone affolés" d'entreprises énergivores "qui n'ont pas de couverture pour le mois de janvier" car "leurs fournisseurs qui ne sont plus en mesure de les fournir".
"Dilemme cornélien"
Pour certaines d'entre elles se présentent "un dilemme cornélien: soit s'arrêter et risquer de perdre des clients définitivement, soit continuer à produire et produire à perte", a résumé Nicolas de Warren, évoquant une "situation absolument critique".
Le président de l'UNIDEN espère que le gouvernement réhaussera bientôt le plafond de l'Arenh, mécanisme qui permettrait un accès à des quantités plus importantes d'électricité nucléaire produite par EDF à un prix compétitif de 42 euros le mégawatheure. "Nous souhaitons que cette mesure intervienne le plus rapidement possible pour atténuer le choc au premier trimestre", a ajouté Nicolas de Warren.
En attendant, certaines entreprises ont déjà décidé d'interrompre leur production. L'usine Nyrstar d'Auby (nord de la France), dernière à fabriquer du zinc en France avec 300 salariés, sera ainsi mise à l'arrêt le 2 janvier pour au moins deux mois. Aluminium Dunkerque, la plus vaste fonderie d'aluminium d'Europe, également basée dans le nord de la France, a pour sa part procédé à des fermetures progressives de cuves depuis début décembre. Dix d'entre elles sont à l'arrêt sur 264, soit 3,7% de la production. L'entreprise estime à 20 millions d'euros le manque à gagner sur novembre et décembre