Après deux ans de crise sanitaire, 2,5 millions de salariés s'estiment en burn-out sévère

Télétravail, distanciation sociale, port du masque... Les deux ans de crise sanitaire ont fortement marqué les Français. A quelques jours de la fin du protocole sanitaire en entreprise et (normalement) du masque obligatoire, les indicateurs de l'état psychologique des salariés sont très inquiétants, note le cabinet Empreinte Humaine qui publie son neuvième baromètre* sur le sujet, réalisé par OpinionWay fin janvier.
Cette période coïncide avec le retour du télétravail obligatoire trois jours par semaine pour freiner la vague Omicron. Selon ce nouveau baromètre, 41% des salariés déclarent se trouver en situation de détresse psychologique, soit trois points de plus qu'en octobre.
La moitié des salariés déclare avoir tendance à s’isoler et à se couper du monde, et 40% affirment perdre souvent patience et être facilement irritables.
L'épuisement est tel que 34% se disent en burn-out (+1 point par rapport au mois d'octobre), ce qui peut être reconnu comme une maladie professionnelle, et 13% d'entre eux estiment même être en burn-out sévère. Ce qui correspond à 2,5 millions de salariés. Chez les télétravailleurs, ce phénomène est encore plus marqué avec 36% des travailleurs qui se pensent en burn-out.
Certains profils sont plus affectés que d'autres. Les managers, les jeunes et les femmes restent les plus touchés. Plus de la moitié (54%) des moins de 29 ans s'estiment en détresse psychologique, soit 13 points de plus qu'en octobre, une augmentation très inquiétante.
La fonction RH très affectée par la crise sanitaire
Depuis la crise, la fonction RH est particulièrement exposée. Ces salariés sont ceux dont la santé psychologique s'est le plus fortement dégradée dans les entreprises avec 64% qui s'estiment en situation de détresse psychologique, et 63% en situation de burnout dont 34% de burnout sévère.
"La fonction RH est la plus exposée aux problématiques de santé psychologique: risques juridiques, mises en œuvre des protocoles sanitaires, perte de repères, mises en place de multiples changements, confrontation à l’éclatement des collectifs, gestion de la détresse psychologique de salariés, encadrement du télétravail, gestion de conflits...", commente Christophe Nguyen, psychologue du travail et co-fondateur du cabinet Empreinte Humaine.
Epuisement général
Alors que le nombre de cas repart légèrement à la hausse ces derniers jours, les salariés ne veulent plus entendre parler du Covid. Ils sont 67% à se dire fatigués des discussions sur la pandémie dans les médias, et plus d'un tiers (35%) déclarent ne plus avoir envie de lutter contre la maladie. Les changement successifs de règlementations et recommandations sanitaires épuisent 54% des répondants.
Sur la qualité de vie au travail, les salariés souhaitent pour l'avenir un meilleur équilibre des vies professionnelles et personnelles, une hausse des salaires, la mise en place de primes et de bonnes relations avec leurs collègues.
"Les démarches des organisations portant sur les à-côtés comme les programmes de nutrition, le sommeil, les massages ou autres sont clairement décriés et inadaptés quant aux besoins des salariés. Il faut arrêter de perdre du temps. De nombreuses études scientifiques montrent que ces actions ne sont pas efficaces pour la santé psychologique au travail, les salariés le savent également", affirme Christophe Nguyen.
* La 9ème vague du Baromètre "Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés" OpinionWay pour Empreinte Humaine, a été réalisée en ligne du 27 janvier au 11 Février 2022 auprès d’un panel représentatif de 2001 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises.