Les salaires devraient augmenter en 2022. Qui va en profiter?

Ce n’est pas à l’Etat de décider des augmentations de salaires, martelait Geoffroy Roux de Bézieux depuis plusieurs mois.
Ce matin pourtant, changement de ton sur la question sur RTL de la part du président du Medef. Certes, ce n'est toujours pas à l'exécutif de décider à la place des entreprises selon lui, mais il l'assure désormais: les entreprises vont tout de même augmenter les salaires.
"Il y a, je pense, beaucoup d’entreprises qui augmenteront les salaires, parce que, d’abord, les salaires en 2020 et 2021 ont été peu augmentés, parce qu’il y a de l’inflation, et parce qu’on a du mal à recruter", justifie Geoffroy Roux de Bézieux.
Un retour au principe de l’offre et de la demande en somme. Quand on manque de manque de main d’œuvre, il faut augmenter les salaires.
Après deux années de hausse relativement inférieures à 2%, les augmentations devraient donc être plus importantes et plus nombreuses en 2022.
Ainsi selon le cabinet de consulting People Base CBM - qui a interrogé 569 entreprises représentatives du tissu économique hexagonal - la hausse moyenne devrait atteindre 2,4%. Un niveau bien supérieur aux deux années précédentes où elles avaient atteint 1,3% (2021) et 1,8% (2020), selon la même étude de People Base.
La fin des gels de salaires
Autre bonne nouvelle qui symbolise cet optimisme retrouvé: très peu d'entreprises envisagent des gels de salaires pour l'année prochaine. Seulement 0,35% des sociétés du panel interrogé par People Base n'augmenteront aucun salaire, contre 19% en 2021. Une différence spectaculaire. Par ailleurs, la part des entreprises qui comptent procéder à des augmentations des salaires serait bien supérieure au niveau d'avant-crise. Plus de 42% d'entre elles envisagent des augmentations générales contre 31% d'entre elles en 2019 et 33% en 2018.
De bonnes nouvelles donc pour les salariés soucieux de leur pouvoir d'achat mais qu'il faut peut-être relativiser.
D'abord, si cette hausse de 2,4% est non-négligeable, elle resterait finalement à peine supérieure à l'inflation qui devrait s'établir.
Une augmentation de 2,4%, c’est bien mais c’est finalement à peine 0,2 point de plus que l’inflation qui est attendue par Bruxelles à 2,2% en 2022 en France. Les Français ne verraient pas une hausse si importante de leur pouvoir d'achat.
D'autant que tous ne profiteront pas d'une hausse de 2,4%. Cette moyenne comprend en effet les augmentations générales de tous les salariés et les augmentations individuelles. Les hausses générales seraient en moyenne de 1,2%, selon People Base.
57 branches négocient actuellement
Les entreprises vont privilégier les augmentations individuelles: le taux moyen d'augmentation sera de 2,3% (contre 1,77% pour 2021 ou encore 2,1% pour 2019 et 2020). 99,8% des entreprises promettent des hausses individuelles contre 42% pour les hausses générales.
"Cette année, la part des augmentations générales reste à un niveau relativement élevé si on le compare aux années avant crise. En revanche, le taux reste en ligne avec ce qui a été globalement observé depuis une dizaine d’années, analyse le cabinet de consulting. Depuis 2008, nous constatons sur le terrain et au travers de nos enquêtes, une tendance forte à l’individualisation des pratiques salariales et aux augmentations annuelles de salaires. Les entreprises sont en effet à la recherche de flexibilisation et de contrôle de la masse salariale et souhaitent éviter toute dérive "non productive" de celle-ci."
Quelques secteurs devraient voir en revanche leurs conditions salariales globalement s'améliorer. C'est le cas de ceux particulièrement touchés par les tensions de recrutement comme l'hôtellerie-restauration, le transport, la propreté...
"Il y a, en ce moment, 57 branches qui négocient et il y aura beaucoup de négociations en début d'année", rappelle ainsi Geoffroy Roux de Bézieux.
Dans l'hôtellerie-restauration par exemple, l'Union des métiers des industries de l'hôtellerie (Umih) propose ainsi des augmentations de l'ordre de 6 à 9% ainsi qu'un éventuel 13ème mois aux représentans syndicaux du secteur.
Des négociations qui s'annoncent plus tendues dans le transport où les syndicats (CFTC et CFDT) réclament des augmentations de 10% quand les organisations patronales proposent elles entre 3,5 et 4,5%.
Quoi qu'il en soit, de nombreux secteurs devraient voir leurs conditions salariales s'améliorer en 2022. Avec la crainte que cette hausse ne nourisse une spirale inflationniste. Dans la restauration, les organisations du secteur ont déjà prévenu que nos additions nous coûteraient plus cher en 2022.
