Appels à payer en cash le 10 septembre: quelles sont ces commissions payées par les commerçants auxquelles veulent s'attaquer les participants au mouvement "Bloquons tout"?

Un paiement par carte bancaire. (Illustration) - Pixabay
"Reprenons le pouvoir sur notre argent". Ces derniers jours, plusieurs appels à faire la "grève de la carte bancaire" ont fleuri sur les réseaux sociaux en soutien au mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Dites non au tracking, aux commissions bancaires, à la surveillance numérique", enjoint l'une des publications visibles sur Facebook.
Certains commerçants, en particulier restaurateurs, ont salué l'initiative et l'ont appuyée en proposant une ristourne sur chaque achat réalisé en espèces. L'idée derrière cet appel n'est pas tant d'inciter les Français à retirer massivement leur argent des banques que de priver ces dernières des commissions prélevées lors des transactions par carte bancaire.
Selon les différentes estimations, ces frais représentent entre 0,5 et 2% des montants de chaque transaction. Dans le détail, il existe trois types de commissions. La première, c'est la commission d'interchange prélevée par la banque du commerçant et reversée à la banque du client.
"Cette commission recouvre les prestations que la banque du porteur réalise pour la banque du commerçant afin qu’elle puisse procéder au règlement des montants autorisés par le porteur. Elle intègre notamment les coûts de traitement et de sécurisation des transactions", souligne le Groupement des Cartes Bancaires CB.
Le niveau de cette commission est encadré par un règlement européen. Il est à ce jour fixé à 0,2% du montant de la transaction pour un paiement avec une carte de débit et à 0,3% pour un paiement avec une carte de crédit. Il n'est toutefois pas systématique puisque que ces frais sont supprimés dès lors que le client et le commerçant ont la même banque.
Les paiements par carte devant les paiements en cash
La deuxième commission représente les frais versés aux réseaux CB, Visa ou Mastercard qui n'exèderaient pas 0,2% du montant de la transaction. "Ce sont des frais techniques, qui doivent rémunérer la mise en place du procédé de validation, qui permet d'aboutir, sur le terminal de paiement, à l'affichage 'paiement validé' qui assure que le compte du client est approvisionné auprès de sa banque et que la transaction pourra avoir lieu", expliquait à l'AFP Jean-François Ponsot, professeur de sciences économiques à l'université Grenoble-Alpes.
Reste enfin la commission correspondant à la marge bancaire dont le niveau varie d'un commerçant à l'autre puisqu'il est le résultat d'une négociation commerciale entre le client et sa banque. Ces frais sont en moyenne de 0,25 à 1,75%.
Selon les défenseurs du mouvement "Bloquons tout", jusqu'à 6 milliards d'euros de commissions pourraient être perdus par les banques si 10 millions de Français arrêtaient pendant un mois de régler par carte bancaire. Un chiffre difficilement vérifiable mais qui serait de toute façon insuffisant pour déstabiliser le système bancaire qui dispose de bien d'autres sources de revenus et est soumis à une série de mécanismes censés assurer la stabilité du secteur.
L'action relève donc avant tout du symbole. D'autant que les paiements par carte ont pour la première fois en 2024 dépassé les paiements en liquide en volume. 48% des transactions ont en effet été réalisées par carte cette année là contre 43% en espèces, selon la Banque de France.