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Le paiement par carte dépasse les espèces: les Français sont-ils prêts à renoncer totalement au cash?

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Pour la première fois, le nombre de paiements par carte a dépassé celui des paiements en espèces avec 48% des actes d'achats. Pour autant, les Français restent majoritairement attachés aux espèces même s'ils les utilisent de moins en moins.

Carte ou espèce? En 2024, pour la première fois, les Français ont davantage payé avec leur carte qu’avec des billets et des pièces.

Si les montants totaux dépensés avec une carte bancaire avaient depuis longtemps dépassés ceux en espèces, le nombre d'achats effectués restaient jusqu'à cette année inférieur. Mais l'an passé, les courbes se sont croisées. 48% des paiements ont été réalisés par carte et seulement 43% en espèces, selon la Banque de France.

48% des achats ont été effectués par carte en 2024.
48% des achats ont été effectués par carte en 2024. © BFMTV

C'est la conséquence logique et attendue d'une érosion continue. Depuis 2016, le nombre de paiements en espèces a reculé de 25 points de pourcentage, celui en carte a bondi de 21 points.

En ajoutant le paiement sur mobile, on arrive même à plus d’un acte d'achat sur deux (52%) passé via ces technologies numériques. En 2024, 4% des paiements ont été réalisés avec un smartphone, une part multipliée par quatre depuis 2019. Quasiment inexistant avant le Covid, ce type de paiement entre dans les moeurs. Nos voisins européens sont même plus avancés que nous avec déjà 6% des achats sur mobile.

Outre la simplicité de ce type de paiement, cette dématérialisation croissante est aussi le résultat de la levée de freins de la part de nombreux commerçants. En grande distribution mais aussi dans de plus en plus de petits commerces comme les boulangeries, il n'y a plus de montant minimum exigé pour accepter la carte.

On rappelle que si certains d'entre eux mettent des sommes planchers (5, 10, 15 parfois 20 euros), c’est parce que les banques leur facturent des frais qui peuvent s'élever de 0,5% à 2% de la somme quand le payeur n'est pas dans la même banque que le commerçant.

"Les clients partent chez le voisin"

Les frais n'ont pas baissé ces dernières années, les commerçants acceptent désormais de sacrifier une partie de leur bénéfice pour ne pas perdre de clients.

"Traverser la rue pour chercher des espèces, les gens ça ne leur convient pas. Quand ils veulent payer une rose à 3 ou 4 euros et que je leur dis que je ne peux pas, ils vont chez le voisin", explique ainsi sur RMC Abel, fleuriste.

Seuls les buralistes sont encore majoritaires à exiger des montants planchers pour le paiement par carte. Des sommes qui se situent d'ailleurs opportunément juste au-dessus du prix d'un paquet, probablement pour pousser à l'achat d'un deuxième avec la carte.

Lorsqu'on demande aux Français quel est leur moyen de paiement préféré, la carte arrive largement en tête des réponse (62%), très loin devant les espèces (14%). Pour autant pas question pour eux d'y renoncer.

La majorité des consommateurs (60%) interrogés dans une enquête de la BCE considère qu’il est important (ou très important) d’avoir la possibilité de payer en espèces. Par rapport à la zone euro, en France, la préférence déclarée pour les espèces, comme l’importance de disposer de l’option de payer en espèces, est légèrement plus faible (de 8 points et 2 points respectivement).

L'anonymat, premier avantage des espèces

Pour les Français, les espèces sont un garant de l'anonymat (40%), permettent un règlement immédiat (37%) et une meilleure gestion des dépenses (31%). Des critères d'attachement moins forts cependant que dans l'étude précédente de 2022. La garantie d'anonymat était citée par 43% des Français tout comme l'avantage du règlement immédiat.

"Dans un contexte d’une meilleure information en temps réel sur les paiements par carte réalisés, notamment via les services de banque en ligne, le caractère instantané du paiement en espèces est devenu moins différenciant", indique la Banque de France.

Le critère de l'anonymat est un peu moins fondamental qu'auparavant du fait de l’exposition volontaire et grandissante des populations, et notamment des plus jeunes, aux services en ligne et aux réseaux sociaux dans lesquels les utilisateurs sont amenés à renseigner de nombreuses informations privées. Il reste cependant encore essentiel pour quatre Français sur 10.

D'autant qu'ils sont encore très nombreux à en conserver à la maison. Un Français sur quatre (26%) dit garder de l'argent à domicile en tant que réserve de précaution ou d’épargne alternative. Une proportion en forte hausse puisqu'ils n'étaient que 15% en 2016.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco