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Antoine Armand juge "éminemment préoccupantes" les suppressions de postes chez Michelin et Auchan

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En déplacement à l'usine ASN de Calais, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie a réagi aux plans sociaux annoncés par les deux groupes.

Quelques jours après le dossier du doliprane, Antoine Armand est confronté à un séisme dans le paysage industriel français. Mardi matin, la direction du géant français du pneu Michelin a annoncé la fermeture de deux sites dans l'ouest de la France tandis que le distributeur Auchan a présenté un projet de plan social menaçant près de 2.400 emplois en France.

"Dans les deux cas de figure, les entreprises ont annoncé des plans de sauvegarde de l'emploi, des suppressions de sites qui sont éminemment préoccupantes", a souligné le patron de Bercy en marge d'un déplacement à Calais, où il actait le rachat par l'Etat de 80% du fabricant de câbles sous-marins ASN.

"Sur Michelin, je regrette la décision qui a été annoncée et l'Etat aura une vigilance extrêmement forte sur deux points: le reclassement de l'ensemble des salariés avec une proposition individuelle et la recherche d'un repreneur", a-t-il poursuivi.

Au sujet d'Auchan, il a évoqué "l'environnement compétitif que vit l'entreprise" et qui peut être la source de "mouvements attendus" tout en rappelant que "la priorité est évidemment l'emploi."

Traîter les restructurations "avec les moyens qu'il se doit"

Dans l'après-midi, Marc Ferracci a également qualifié la situation de la filière automobile de "préoccupante" devant les députés. Face à ce constat, il a mentionné des "réponses d'urgence" à apporter, à commencer par les restructurations qu'il souhaite traiter "avec l'exemplarité et les moyens qu'il se doit". "Ces dernières heures, nous avons discuté avec l'ensemble des élus et la direction de Michelin, a-t-il indiqué. Dans les prochaines heures, nous allons mettre tout le monde autour de la table pour parler de la reprise des sites et pour trouver les options qui peuvent être envisagées à cette fin."

"S'agissant de l'accompagnement des salariés, nous avons demandé à ce que les engagements pris par la direction de Michelin et qui seront pris dans le cadre d'autres dossiers soient extrêmement puissants et fassent en sorte que personne ne soit laissé sur le bord du chemin."

Michelin a annoncé son intention de fermer d'ici début 2026 ses sites de Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan), qui emploient 1.254 salariés, en raison de la concurrence des pneus asiatiques à bas coût et de la hausse des prix de l'énergie en Europe. L'ensemble du secteur automobile européen est actuellement confronté à une conjonction de difficultés: baisse du marché, transition énergétique et concurrence chinoise. "Ces dernières années, les marchés européens des pneus tourisme-camionnette et poids lourd se sont profondément transformés pour s'orienter fortement vers les pneus à bas prix issus principalement d’Asie", a expliqué Michelin dans un communiqué.

"L'engagement remarquable des équipes et les efforts du groupe n'ont pas suffi à préserver la viabilité de ces deux sites, lourdement impactés par (...) la dégradation de la compétitivité de l'Europe, notamment du fait de l'inflation et de la hausse des prix de l'énergie", a-t-il ajouté.

La part de marché d'Auchan en chute de 4 points depuis 2012

De son côté, le distributeur Auchan a annoncé une restructuration de ses activités en France avec la suppression prévue de 2.389 emplois, citant une baisse constante de fréquentation en magasin et une dégradation de ses résultats. Depuis 2012, et avant l’intégration des magasins Casino, Auchan indique avoir vu sa part de marché chuter de 12,1% à 8% dans un contexte "ultra-concurrentiel".

Le groupe nordiste a présenté aux partenaires sociaux son plan "de reconquête" qui prévoit notamment un redimensionnement des hypermarchés et un positionnement de prix plus attractif grâce à son alliance avec Intermarché. Mais cette alliance "ne suffira pas à dégager les marges nécessaires permettant d’offrir des prix concurrentiels. Pour revenir dans le match, Auchan doit baisser ses coûts et simplifier son organisation", explique le groupe dans un communiqué.

Timothée Talbi avec Reuters