BFM Business
Agriculture

Maladies, simplification, Egalim 4… ces dossiers chauds qui attendent la ministre de l'Agriculture

placeholder video
Très attendus par les agriculteurs, plusieurs dossiers suspendus par la dissolution patientent sur le bureau de la nouvelle ministre de l'Agriculture.

À l'hôtel de Villeroy, les dossiers brûlants s'accumulent sur le bureau d'Annie Genevard, la nouvelle ministre de l'Agriculture – et le monde agricole commence à perdre patience. À peine nommée, un premier écueil sera inévitable: qu'adviendra-t-il de la loi d'orientation agricole?

Le projet de loi, supposé concrétiser les promesses gouvernementales après le mouvement de colère au milieu de l'hiver, est tombé dans les limbes après la dissolution de l'Assemblée nationale. Adopté en première lecture par les députés à la fin du mois de mai, l'examen du texte a été coupé dans son élan au Sénat, où il prend la poussière en attendant d'être, peut-être, réinscrit à l'ordre du jour.

Ce texte éclectique simplifie certaines réglementations, accélère les procédures de contentieux en cas de recours contre des stockages d'eau ou des bâtiments d'élevage, fixe des objectifs non-contraignants (400.000 exploitations d'ici 2035) ou confère à l'agriculture un caractère "d'intérêt général majeur".

Une nouvelle loi Egalim?

Pour l'heure, toutes ces mesures piétinent en salle d'attente. L'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA), qui a largement inspiré l'écriture du texte, ne cache pas son agacement et maintient la pression sur l'exécutif. La Coordination rurale, opposée à la version adoptée par l'Assemblée nationale, laisse aussi planer la menace d'une reprise de la mobilisation.

Pourquoi le prix du melon n'a-t-il pas augmenté malgré la baisse de la production?
Pourquoi le prix du melon n'a-t-il pas augmenté malgré la baisse de la production?
2:36

Une impatience d'autant plus grande qu'une nouvelle loi Egalim, pour protéger davantage les revenus des agriculteurs, a été jetée aux oubliettes par la dissolution, sans avenir certain.

Au moment de la crise agricole, le gouvernement avait confié une mission à deux députés de la majorité présidentielle pour identifier des pistes d'évolution des règles encadrant les négociations commerciales annuelles entre agriculteurs, industriels et distributeurs. Ses conclusions étaient attendues après les élections européennes, avec l'objectif de mettre sur les rails une loi Egalim 4 avant l'ouverture des prochaines négociations commerciales au 1er décembre – un objectif caduc.

Moissons et maladies

Au milieu des dossiers législatifs, la nouvelle ministre de l'Agriculture sera accaparée par la flambée des épizooties dans les élevages, notamment la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE) qui se propagent rapidement dans les troupeaux. Le gouvernement a déjà commandé plusieurs millions de doses de vaccin pour endiguer la propagation des deux maladies animales: la seule campagne de vaccination contre la FCO de sérotype 3 coûtera 30 millions d'euros à l'État à elle seule. Mais les éleveurs, qui réclament également des indemnisations pour les exploitations touchées, déplorent une mise en œuvre encore trop lente de la vaccination.

Les céréaliers, eux aussi, patientent à la porte du ministère pour se faire entendre. Plombées par les intempéries persistantes et le manque d'ensoleillement, les moissons s'annoncent catastrophiques dans les champs. Du côté du blé tendre, où l'on s'attend à l'une des pires récoltes des quarante dernières années, les producteurs ont d'ores et déjà demandé l'activation d'un prêt garanti par l'État (PGE) pour maintenir les trésoreries à flot. Car ils ne peuvent pas espérer compenser le déficit de production par une hausse des prix des ventes: le prix du blé, fixé au niveau mondial, reste relativement bas en raison de récoltes abondantes à l'échelle de la planète.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV