Après les Alpes et le Jura, la dermatose nodulaire contagieuse a été identifiée dans les Pyrénées

Trois foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ont été enregistrés dans des troupeaux bovins des Pyrénées-Orientales, portant à 86 le nombre total de foyers en France sur trois régions, a annoncé jeudi la préfecture locale à la veille d'une réunion de crise sous l'égide du ministère de l'Agriculture. La préfecture des Pyrénées-Orientales a annoncé avoir placé le département sous "zone réglementée" (de 50 km autour de ces différents foyers) mercredi soir, après la détection de trois foyers de DNC, maladie non transmissible aux humains.
Les animaux situés dans les foyers touchés devront donc être abattus, ont rappelé les autorités. Les abattages feront l'objet d'indemnisation et les éleveurs "se verront apporter un soutien" par la sécurité sociale agricole. La vaccination de l'ensemble des cheptels du département est obligatoire "avec prise en charge financière par l'État" et les mouvements de bovins sont interdits dans une zone de protection de 20km autour des foyers.
Arrivée en juin dernier
Le 3 octobre, l'Espagne avait confirmé un premier foyer de DNC en Catalogne non loin de la frontière française, puis un second le 6 octobre, à quelques kilomètres au nord du premier foyer. Une zone de surveillance avait été mise en place de l'autre côté de la frontière en France.
La maladie est apparue pour la première fois en Europe de l'Ouest au mois de juin dernier, en Sardaigne, avant d'atteindre quelques jours plus tard la France et de s'étendre dans les départements de Savoie et de Haute-Savoie (76 foyers), avec l'établissement de zones réglementées à chaque fois autour des foyers. Des foyers ont ensuite été découverts dans l'Ain (3), dans le Rhône (1) et plus récemment dans le Jura (3) où la ministre de l'Agriculture Annie Genevard se rendra vendredi pour tenir des réunions de crise avec les acteurs locaux puis les préfets.
La ministre réunira aussi dans la matinée un "Parlement sanitaire" (Conseil national d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale, Cnopsav) qui réunit l'ensemble des acteurs liés à la santé animale (syndicats, vétérinaires, administrations...), a confirmé le ministère aux journalistes.
Contestation syndicale
Plus de 1.700 animaux ont été abattus en France, en vertu d'une stratégie d'abattage total des foyers contaminés, approuvée lors du premier "Parlement sanitaire" dédié en juillet et soutenue par l'alliance syndicale FNSEA-JA, mais très contestée par les syndicats agricoles Coordination rurale et Confédération paysanne.
"L'État est responsable de la multiplication des drames vécus dans les fermes touchées par la DNC", a déploré jeudi dans un communiqué la Confédération paysanne face à la multiplication des cas.
Le troisième syndicat agricole demandera vendredi un "changement urgent de catégorie de la maladie dans la réglementation européenne", l'accès à la vaccination y compris en dehors des zones réglementées, ce qui n'est pas envisageable à ce stade selon le ministère, et un changement complet de la stratégie d'abattage.
Le taux de mortalité de cette maladie, qui provoque notamment fièvre, nodules et œdèmes, avoisine les 10% selon différentes sources, mais la fertilité et la production laitière peuvent drastiquement baisser chez les animaux qui l'ont contractée sans en mourir. Les éleveurs attendent de l'État des réponses quant à l'indemnisation des pertes de production et non seulement des bêtes abattues. La FNSEA demandait en plus une défiscalisation des indemnisations pour l'abattage, qui figure dans le projet de budget 2026.