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"On se parle au téléphone pour faire voler les avions": le patron d'Airbus appelle l'ensemble de l'aérien à vite se moderniser

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Invité de Télématin, Guillaume Faury confirme que l'avion à hydrogène d'Airbus ne sera pas prêt d'ici 2035 mais il souhaite une entrée en service du successeur de l'A320 avant 2040. Il plaide également pour une gestion plus optimale du trafic aérien.

Airbus cartonne depuis l'ouverture du salon du Bourget avec déjà 240 commandes enregistrées au cours des trois premiers jours. "On a aujourd'hui plus de 8.700 commandes alors qu'on produit 800 appareils par an, on a 11 ans de carnet de commandes au niveau de production actuel, indique le directeur général du groupe Guillaume Faury sur Télématin. On essaye d'augmenter notre production le plus vite possible [...] On n'est pas encore revenu au niveau de production qu'on avait juste avant le Covid."

Mais le patron du géant européen se projette déjà sur 2050 avec l'ambition d'atteindre la neutralité carbone à cette horizon en agissant sur son périmètre: les avions. Pour ce faire, Guillaume Faury prépare l'après-A320, son best-seller qui représente trois quarts des livraisons d'Airbus chaque année.

"On a l'intention de lancer le programme pour son successeur à la fin de cette décennie pour une entrée en service dans la deuxième partie de la prochaine décennie."

Cependant, le dirigeant considère qu'il faut aussi agir sur les carburants qui représentent "40 à 50% de l'équation finale pour décarboner" en accélérant le passage aux carburants d'aviation durable. Il plaide également pour une gestion plus optimale du trafic aérien: "On est encore avec des outils qui datent de la fin de la Seconde Guerre mondiale, on se parle au téléphone pour faire voler les avions alors qu'on pourrait avoir un ciel numérique qui serait beaucoup plus efficace."

Cinq ans de développement technologique pour l'avion à hydrogène

Autre grand chantier sur lequel travaille Airbus depuis maintenant plusieurs années, l'avion à hydrogène ne sera pas prêt pour 2035 comme initialement souhaité et ce, pour deux raisons principales selon Guillaume Faury.

"Les 5 ans de travail qu'on a fait sont arrivés à une conclusion qu'on peut faire un avion à hydrogène qui fonctionne mais sa compétitivité ne serait pas suffisante par rapport à celles des autres avions donc il y a un risque que les compagnies aériennes ne l'achètent pas", explique-t-il, évoquant également la problématique de "la montée en puissance de la production d'hydrogène vert qui prend du retard."

"On refait 5 ans de développement de technologie pour arriver à un avion qui sera compétitif, même face aux avions existants."

Alors que l'industrie aéronautique est exemptée de droits de douane depuis 1979, le directeur général d'Airbus admet que les taxes annoncées par Trump "perturbent" ses activités outre-Atlantique mais estime qu'elles "abîment d'abord l'industrie aéronautique américaine" : "Les droits de douane mis par l'administration américaine partent du principe que la balance commerciale est très fortement déficitaire sauf qu'ils sont extrêmement bénéficiaires sur l'aéronautique, souligne-t-il. On a de bonnes raisons de penser que ça va revenir à 1979."

Timothée Talbi