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En France, les réservoirs de gaz se remplissent à grande vitesse

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Grâce aux importations massives de gaz naturel liquéfié, les pays européens augmentent leurs stocks de gaz pour l'hiver prochain. Et prépare l'embargo sur le gaz russe.

C’est le paradoxe de la crise russe: jamais l’Europe n’a importé autant de gaz. Le géant Gazprom continue de livrer les pays européens par gazoducs. En même temps, les importations de gaz naturel liquéfié sur le continent atteignent des niveaux record. Depuis le mois de mars et le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Europe absorbe 60% des exportations de GNL au niveau mondial.

Ses importations de GNL se sont envolées de 56%, selon le groupe international des importateurs de GNL (GIIGNL). Sur les mers, cela se traduit par des arrivées massives de méthaniers en Europe. Ils sont passés, en moyenne, de 85 à 135 qui accostent chaque mois sur les côtes, essentiellement du Portugal, de l’Espagne et de Grande-Bretagne. Là-bas, les terminaux, qui retransforment le GNL à l’état gazeux, étaient exploités à 30% et ont doublé leur capacité.

Stocks remplis dès septembre

Ces deux pays disposent d’ailleurs des taux de remplissage de leurs stocks les plus élevés d’Europe: de 88% au Portugal et de 62% en Espagne. Le gaz remonte ensuite dans toute l’Europe, via à la France. Ainsi, l’opérateur français de stockage du gaz, Storengy, filiale d’Engie, remplit lui aussi vite ses réservoirs. Le niveau des stocks était à son plus bas niveau au mois de mars, à 25%. Il est déjà passé à 35%. "A ce rythme-là, les cuves seront pleines en septembre, assure une source proche d’Engie, qui se veut rassurant. Et on parviendra à passer l’hiver sans grande difficulté".

Le GNL provient du "Qatar et des Etats-Unis", a expliqué jeudi la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor. Les Etats-Unis sont les grands gagnants de la crise russe qui pousse les européens à leur acheter du GNL. "Les usines de liquéfaction dans le Golfe du Mexique sont à 100% de leur capacité" confirme Vincent Demoury. Le gaz américain provient majoritairement de puits de gaz de schiste mais ne crée pas pour autant de polémique en Europe.

Des méthaniers reroutés de Chine vers l'Europe

Une partie des méthaniers proviennent aussi d’Asie, notamment de Chine qui a acheté beaucoup de cargaisons de GNL l’an passé. Mais l’envolée des prix du gaz en Europe, lié à la crise russe, pousse de nombreux opérateurs chinois, comme Sinopec ou Petrochina, a "rerouter" plusieurs dizaines de navires vers les pays européens pour leur revendre le GNL. "Ce rythme ne pourra pas durer toute l’année car, à un moment donné, l’Asie aura besoin de garder ses livraisons pour sa consommation", explique Vincent Demoury, le directeur général du GIIGNL.

Dès l’année prochaine, l’Europe devra compenser ce "retrait chinois". L’Allemagne prévoit de construire quatre terminaux méthaniers flottant en mer du Nord pour commencer à réduire sa dépendance au gaz russe qui pèse 40% de ses approvisionnements.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business