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Energie

Engie estime que la France pourrait se passer du gaz russe "en 3 ou 4 ans"

Jean-Pierre Clamadieu

Jean-Pierre Clamadieu - Lionel Bonaventure - AFP

La France pourrait être en mesure de se passer "à terme" du gaz russe, estime le président du géant français de l'énergie Engie, Jean-Pierre Clamadieu, au micro de France Inter. Tout en restant prudent, il s'est avancé sur un calendrier.

Se passer du gaz russe? La France pourrait être en mesure de le faire, estime Jean-Pierre Clamadieu. A la question précédente, le président d'Engie répond même: "À terme, oui. La question, c'est à quel terme."

Sur France Inter ce samedi matin, Jean-Pierre Clamadieu indique que "la France est probablement capable de réduire de manière très importante" sa dépendance au gaz russe d'ici "trois ou quatre ans", tandis que l'Union européenne est à la recherche d'alternatives pour réduire sa dépendance énergétique à la Russie.

En revanche, les difficultés d'acheminements du gaz rendent pour l'instant un scénario sans gaz russe compliqué dans l'immédiat.

"Le gaz est une énergie qui suppose des infrastructures (...) gazoducs, installations de liquéfaction et regazéification".

Dès lors, l'hypothèse d'un arrêt immédiat des livraisons de gaz paraît encore plus improbable.

"Si nous devions faire face à une interruption brutale, c'est un scénario qui est beaucoup plus difficile, et nécessitera des ajustements qui seront probablement eux aussi brutaux", prévient le président d'Engie.

Et les livraisons continuent, admet Jean-Pierre Clamadieu. "La réalité du moment, c'est qu'il y a beaucoup de gaz qui arrive en Europe, les contrats de gaz gazeux y compris russes sont plutôt à des niveaux très élevés de livraison."

Jeudi, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, a reconnu que la firme allait continuer à payer ses fournisseurs, en attendant des nouvelles du pouvoir public européen.

"Le sujet du paiement en roubles est compliqué. Nous continuons à payer selon les termes du contrat, et nous attendons de la clarté, avec un cadre européen sur ces paiements que nous continuerons à faire en euros de notre côté, et qui satisferait les demandes de notre fournisseur", a-t-elle déclaré sur RTL.

En clair, l’énergéticien français va continuer à acheter du gaz, qu'importe les tensions concernant le paiement en roubles exigé par Moscou pour préserver sa stabilité. Bruxelles avait refusé le chantage fait par la Russie concernant ces paiements, mais certains fournisseurs d'énergie comme l'allemand Uniper ont développé des circuits permettant de payer en roubles - via notamment la Gazprom Bank, située en Suisse.

Mais elle estime "plausible" le scénario d’un arrêt des livraisons, assurant que "tous les acteurs s’y préparent activement".

Sofiane Aklouf