En 2019, le niveau de vie des Français a connu sa plus forte hausse depuis 2001

Le pouvoir d'achat a augmenté de 2,6% en 2019. - Pexels
Alors que le gouvernement défend son bilan en matière de pouvoir d'achat, ce rapport de l'Insee ne manquera pas d'être être mis en avant par la majorité. Selon le rapport Insee Première d'octobre 2021, le niveau de vie médian des Français a connu en 2019, dernière année avant la crise sanitaire, une augmentation subtantielle.
"Hausse la plus forte depuis 2001"
En 2019, en France métropolitaine, le niveau de vie* médian par personne était de 22.040 euros annuels, soit une augmentation de 2,6% en euros constants (corrigé de l'inflation) par rapport à 2018. Dit autrement, un célibataire sur deux disposait de plus de 1837 euros par mois contre 1771 euros en 2018 pour vivre, et éventuellement épargner. Et pour un couple avec deux enfant de moins de 14 ans, cette médiane s'élevait à 3857 euros par mois, soit 138 euros de plus qu'en 2018.
Selon l'Institut, il s'agit de la plus forte progression de niveau de vie depuis le début des années 2000. En 2018, l'évolution avait été quasiment nulle (+0,3%).
"Cette hausse est la plus forte depuis 2001 et elle est très supérieure à la moyenne enregistrée depuis les vingt dernières années (+0,8 % en moyenne par an)", précise l'Insee.
Pour rappel, la progression du pouvoir d'achat était faible depuis la crise de 2008. Entre 2013 et 2018, elle n'avait été que de 0,4% par an alors que sur la période 1996-2008, elle était en moyenne de 1,4% par an selon l'Insee.
Une hausse de niveau de vie qui s'explique d'abord par une progression des salaires et par les réformes du système socio-fiscal (suppression des cotisations salariales d’assurance chômage sur les salaires, exonérations fiscales et sociales des heures supplémentaires, prime exceptionnelle de pouvoir d’achat). Avant redistribution, l'Insee note ainsi que la progression de niveau de vie était de 1,8% en 2019.
Les mesures "post-gilets jaunes"
Les ménages de la classe moyenne ont bénéficié de la revalorisation de la prime d’activité et, dans une moindre mesure, de l’exonération fiscale et sociale des heures
supplémentaires ainsi que de la poursuite du dégrèvement de la taxe d’habitation. Le montant de la prime d'activité a augmenté. Il a concerné 18% des ménages contre 13% en 2018. L'Insee souligne également la contribution de la "prime exceptionnelle de pouvoir d'achat" versée par une partie des employeurs.
En 2019, environ 40% des salariés ont bénéficié d’une exonération de leurs heures supplémentaires et 22% de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, précise l'Institut. Le salaire annuel des personnes bénéficiant de ces mesures est en moyenne rehaussé de 1.150 euros pour les heures supplémentaires exonérées et de 410 euros pour la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat."
Ce sont les ménages les moins aisés qui ont le plus bénéficié de cette progression. En 2019, cette hausse a été plus importante pour les 50% des ménages les moins aisés
(entre + 2,6 % et + 3,4 %).
Ces ménages bénéficient de l’amélioration de la conjoncture sur le marché du travail et de la baisse du chômage, ainsi que du dynamisme des salaires, analyse l'Insee. Leur niveau de vie est en outre rehaussé par la forte revalorisation de la prime d’activité, l’effet étant toutefois un peu plus limité pour les ménages sous le premier décile."
Pour les Français les plus modestes (niveau de vie inférieur à 11.660 euros par an), la progression du niveau de vie a été de 2,8%. Essentiellement dûe au recul du chômage et à la progression des salaires. Avant redistribution, le gain atteint ainsi 4,6%. Si la progression est plus faible pour les plus modestes après redistribution, c'est que la revalorisation de certaines prestations sociales (allocations logement, prestations familiales) a été inférieure à l’inflation.
"La baisse des allocations logement liée à la réforme de la réduction du loyer de solidarité de 2018 a également eu un impact: elle a simultanément baissé les allocations logement des ménages du parc locatif social (prises en compte dans le niveau de vie) et réduit leur loyer d’un montant équivalent", précise l'Insee.
En tenant compte de la baisse des loyers, la hausse de niveau de vie est ainsi de 3,2% pour les 10% de ménages les plus modestes et non plus de 2,8%.
A contrario, les ménages diposant des plus hauts revenus ont moins profité de l'année 2019. Le niveau de vie des 10% les plus aisés (à partir de 39.930 euros par an) n'a progressé que de 1% entre 2018 et 2019.
"Cette plus faible progression intervient après une année 2018 atypique où les revenus du patrimoine des plus aisés avaient nettement augmenté, avec la forte hausse des dividendes dans un contexte où la réforme de la fiscalité du capital incitait les entreprises à distribuer des dividendes plutôt qu’à les capitaliser", précise toutefois l'Insee.
Les inégalités de niveau de vie ont ainsi nettement diminué en 2019, après avoir fortement augmenté en 2018. L’indice de Gini qui mesure ces inégalités de niveau de vie était de 0,289 en 2019, comme en 2017 et après 0,298 en 2018.
En 2019, 9,2 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, soit 1102 euros par mois. Le taux de pauvreté s’établit à 14,6 % et diminue de 0,2 point sur un an.
*Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (chaque adulte comptant pour 1 et les enfants pour 0,3 ou 0,5 selon qu'ils ont plus ou moins de 14 ans). Le revenu disponible correspond à la somme dont dispose un ménage pour consommer et épargner. Il comprend le salaire ou, pour les indépendants, le revenu, les éventuelles indemnités de chômage, retraites et pensions, les revenus du patrimoine et les autres prestations sociales perçues. De cette addition, on soustrait les impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS ainsi que les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine.