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Ripoux de la BAC nord de Marseille : un ex-policier raconte

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En octobre dernier, douze policiers étaient mis en examen pour vol et racket. Sept d'entre eux sont sous les verrous.

"Occupe-toi de ce qui te regarde. Si t'es pas content change de service". Dans une interview donnée à Libération, Sébastien Bennardo, policier de 36 ans, qui a officié pendant 13 ans au sein de la BAC du nord de Marseille, raconte comment sa hiérarchie a balayé d'un revers de la main ses avertissements sur les agissements de ses collègues.

Son témoignage sous X, avec ceux de trois de ses collègues, a permis, en octobre, le démantèlement d'un gang de policiers ripoux de la BAC de Marseille-Nord, au terme d'une enquête secrète initiée en novembre 2011 par l'IGPN (Inspection générale des services). Son témoignage a, en effet, contribué à l'arrestation de douze policiers dont sept ont été condamnés pour vols et extorsions de fonds en bande organisée et infractions à la légistation sur les stupéfiants.

Depuis, le policier a été révoqué pour "insubordination". Selon lui, il paie le prix pour avoir" brisé l'omerta".

Corruption à tous les étages

"Quand je suis arrivé en juin 2006 au commissariat du IIIe arrondissement, je voyais déjà des effectifs de la BAC qui faisaient le plein de leur voiture personnelle à la pompe Total qu'on avait à l'intérieur", explique le policier au quotidien.

En septembre 2007, il est muté à la BAC nord de Marseille. C'est à ce moment que les choses sérieuses commencent, après que son chef "droit et respecté" a obtenu sa mutation. Trafic de cigarettes, vols de liquide ou de drogue sur les lieux des interventions, racket des indics, la suite du récit ressemble au Manuel du parfait flic ripou. Ce groupe de la BAC du nord de Marseille allait jusqu'à faire une pause dans les arrestations le week-end pour ne pas être dérangé.

Une hiérarchie complaisante

L'autre volet de cette affaire est l'incroyable surdité dont semble avoir fait preuve la hiérarchie du policier. Ainsi, à force d'insistance, le fonctionnaire qui s'était ouvert à un capitaine des agissements de certains de ses collègues s'est vu rétorquer : "Chacun est libre de faire ce qu'il veut, s'il se fait attraper, tant pis pour lui".

De son côté, le syndicat de police Alliance, en la personne de Jean-Claude Delage, dément les allégations de Sébastien Bennardo. "Les policiers, comme les voyous, ont droit à la présomption d'innocence", explique le secrétaire général du syndicat.