Plombé par la crise sanitaire, l'intérim s'est effondré en 2020

Le travail temporaire a fortement baissé en 2020. - Philippe Huguen - AFP
L'intérim n'a pas évité la crise sanitaire. Le travail temporaire a dégringolé de 23,6% l'année passée, correspondant à la disparition de près de 185.000 emplois intérimaires en équivalent temps plein, rapporte le dernier baromètre Prism'emploi. Près de 600.000 intérimaires ont été délégués par les agences d'emploi en 2020, "effaçant la croissance observée entre 2016 et 2018 et rétrogradant le niveau du travail temporaire à celui de 2015", précise Prism'emploi, la fédération qui regroupe les entreprises du secteur.
L'année avait pourtant bien débuté avec deux premiers mois de hausse, avant de s'effondrer à partir du 16 mars avec la mise en œuvre du premier confinement : en quelques jours, précise le baromètre, les effectifs en mission ont chuté de 65% – avant de remonter autour de -50% en avril et en mai. La lente amélioration de la situation lors du déconfinement estival a été interrompue par un nouveau décrochage lors du confinement de novembre, bien que plus limité qu'au printemps, et surtout concentré dans les secteurs mis à l'arrêt par les mesures sanitaires.
Dans le détail, l'emploi intérimaire a chuté de 26,9% dans l'industrie, 3,3 points en dessous de la moyenne, en raison de la "situation particulièrement dégradée dans les filières aéronautique et automobile". Dans le BTP, avec une quasi-interruption du recours à l’intérim entre la mi-mars et la mi-mai, la baisse est de près de 29% sur l'année. Les services ont plongé de 28,6% en 2020, plombé par l'arrêt de l'hôtellerie-restauration du tourisme ou du transport aérien, et par le développement du télétravail, le travail à distance étant moins propice à l'intérim. Le commerce, lui, enregistre un recul de 19,5%, sauvé en partie par la consommation des ménages.
Logistique et commerce en ligne
Au contraire, "le secteur transport-logistique s’est distingué par un repli limité à -3,8 %, soit 9,8 points au-dessus de la moyenne des secteurs. Le commerce électronique et les plateformes logistiques, dans le contexte de crise sanitaire, ont maintenu, voire développé, leur activité au cours du deuxième trimestre. Ces secteurs ont contribué à atténuer la baisse totale de l’emploi intérimaire. Depuis septembre, l’emploi intérimaire y enregistre une croissance toujours portée par le dynamisme du commerce en ligne", explique Prism'emploi.
Toutes les régions ont connu une baisse marquée, mais certaines s'en sortent mieux que les autres. Sur le bas du podium, on retrouve le Grand Est (-28,9%), la Bourgogne Franche-Comté (-28,7%) et l'Île-de-France (-26,2%). La Bretagne (-19,2%) et les Hauts-de-France (-20,2%) sont les régions qui pâtissent le moins de la crise sanitaire. Ces différences s'expliquent "par l’exposition sectorielle des régions aux secteurs sinistrés (industrie automobile, aéronautique, services) ou aux secteurs moins touchés, voire porteurs (filière agro-alimentaire, logistique)", précise Prism'emploi, qui note également une dégradation de l'emploi transfrontalier.