Le taux de chômage au plus bas depuis 15 ans

"La France connaît son niveau de chômage le plus bas depuis 40 ans", s'est félicitée Elisabeth Borne ce mardi dans un tweet, supprimé depuis. Et pour cause, si la situation de l'emploi s'améliore en France, il faut remonter moins loin pour retrouver un niveau de chômage aussi "bas" que celui du 4e trimestre 2022 (7,2%) dévoilé ce mardi par l'Insee*. Mise à part la baisse ponctuelle en "trompe-l'oeil" du deuxième trimestre 2020, les 7,2% n'avaient pas été atteints depuis le premier trimestre 2008, soit il y a environ 15 ans et non 40.
La Première ministre s'est d'ailleurs rattrapée dans un second tweet affirmant que la France avait enregistré au 4e trimestre "le niveau de chômage le plus bas pour la deuxième fois depuis 40 ans". Ce qui cette fois est juste puisque, hormis 2008, il faut remonter au troisième trimestre 1982 pour retrouver les 7,2% de chômage.
De son côté, le taux d'emploi des 15-64 ans est stable à 68,3%, demeurant à son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure (1975). Tandis que le taux d'emploi en CDI continue de s'améliorer à 50,5% (+0,7 point par rapport au niveau d'avant-crise sanitaire).
Si le taux de chômage recule, la France est encore loin des 5% correspondant au plein emploi, objectif fixé par le gouvernement à l'issue du quinquennat. Le chômage des jeunes (15-24 ans), bien qu'en baisse d'un point entre le troisième et quatrième trimestres 2022, reste particulièrement élevé à 16,9%. C'est tout de même 4,9 points de moins que son niveau d'avant-crise mais 0,4 point de plus que fin 2021. A 5%, le taux de chômage des 50 ans et plus diminue quant à lui de 0,7 point sur un an et de 0,8 par rapport à son niveau de fin 2019.
Parmi les près de 2,2 millions de chômeurs, 580.000 sont des chômeurs de longue durée au 4e trimestre 2022, c'est-à-dire qu'ils recherchent un emploi depuis au moins un an. Il s'agit du plus bas niveau observé depuis le deuxième trimestre 2009.
Une amélioration à relativiser
Cette dynamique favorable doit cependant être relativisée par la hausse du "halo autour du chômage et du sous-emploi", les deux augmentant de 0,1 point sur le trimestre, alors qu'ils avaient plutôt tendance à baisser aux trimestres précédents lorsque le chômage diminuait.
Au total, 1,9 million de personnes composent le "halo autour du chômage". Il s'agit des personnes désirant travailler mais qui ne sont pas considérées comme chômeurs car elles ne recherchent pas activement un emploi ou ne sont pas disponibles pour en occuper un. La part du halo dans la population des 15-64 ans s'établit ainsi à 4,5%, soit +0,2 point depuis fin 2019 et +1 point depuis son plus bas niveau atteint en 2008.
Avec ces "effets de vases communicants, les nouvelles sont à prendre avec modestie sur la baisse du taux de chômage", conclut auprès de l'AFP Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.
Autre bémol: la part des jeunes de 15 à 29 ans sans emploi, ni formation, ni en études augmente de 0,9 point à 12,5% et reste au-dessus de son niveau d'avant-crise (+0,3 point).
*La mesure du taux de chômage de l'Insee s'appuie sur la définition du Bureau internationale du Travail. Elle est réalisée via une enquête auprès de 110.000 personnes et doit donc être distinguée du chômage au sens de Pôle emploi qui utilise une tout autre méthode.