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"Je traverse la rue, je vous trouve un emploi": Macron a-t-il tort ou raison?

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Alors que 2,5 millions de personnes pointent à Pôle emploi, des entreprises se plaignent de ne pas trouver les bras dont elles ont besoin. Le conseil donné par le chef de l'Etat à un chômeur horticulteur de se tourner vers l'hôtellerie et la restauration n'est, en soi, pas dénué de fondement.

Il n'y aurait qu'à traverser la rue pour trouver un emploi. Samedi, alors qu'un jeune horticulteur accostait le président de la République sur sa difficulté à trouver un emploi, Emmanuel Macron lui a répondu que certains secteurs avaient de nombreux postes non pourvus pour "ceux qui étaient prêts et motivés". Et de citer de l'hôtellerie, les cafés, la restauration, le bâtiment.

Cet échange, qui a entraîné de nombreuses réactions dans la classe politique, met en lumière le paradoxe du marché du travail en France. D'un côté, un taux de chômage qui peine à se résorber, avec 2,5 millions de demandeurs d'emploi au deuxième trimestre 2018 selon l'Insee, soit 9,1% de la population active. Et de l'autre, un nombre croissant d'entreprises qui ont des projets de recrutement qu'elles parviennent difficilement à concrétiser. Selon l'enquête annuelle de Pôle emploi, 44,4% d'entre elles rencontrent des difficultés cette année pour embaucher, contre 37,5% en 2017.

La restauration est bien un vivier d'emplois

Parmi ces employeurs, ceux qui peinent le plus à recruter, sont ceux qui ont déposé des offres pour des postes d'aides à domicile ou d'aides ménagères. 77% d'entre eux déclarent qu'ils peinent à trouver le perle rare, alors que le secteur est un gros pourvoyeurs d'emplois. Cette année, plus de 65.000 postes sont à pourvoir.

Les conducteurs routiers sont aussi très difficiles à trouver, les entreprises du secteur tablent sur près de 30.000 embauches et estiment que dans sept cas sur dix, elles auront du mal à recruter.

Les recruteurs peinent aussi à embaucher des employés de maison et du personnel de ménage: plus de 26.000 places vont être créées, et dans six cas sur dix, les employeurs redoutent de ne pas trouver. Autres métiers en tension: les ingénieurs, cadres d'études et R&D informatique, pour lesquels les entreprises anticipent 62% de recrutement difficiles, alors que les besoins s'élèvent à plus de 42.000 postes.

Comme le souligne Emmanuel Macron, les métiers de la restauration offrent également de nombreuses possibilités d'embauche. Les entreprises tablent sur 46.000 recrutements de cuisiniers, avec dans six cas sur dix, des soucis pour les trouver. Dans ce même secteur, les serveurs sont aussi très recherchés, avec près de 90.000 projets de recrutement, ainsi que les employés d'hôtellerie (plus de 40.000 recrutements). Et là aussi, les employeurs s'attendent à un parcours du combattant.

Les entreprises qui cherchent des attachés commerciaux, des aides-soignants ainsi que des ouvriers non qualifiés des industries agro-alimentaires doivent aussi faire face à des difficultés pour embaucher.

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Des offres dans l'industrie et le bâtiment

Il y a également des métiers de "niche" où, bien que les besoins soient moindres, les offres d'emploi ne trouvent pas facilement preneur. C'est le cas des couvreurs, que les entreprises du bâtiment peinent à trouver dans 80% des cas. Pour les plombiers et chauffagistes, c'est à peine mieux alors que les besoins de recrutement atteindront cette année quasiment 10.000 postes. Dans l'industrie, les besoins difficiles à satisfaire se concentrent sur trois métiers qualifiés: chaudronniers, tôliers et serruriers, où 78% des recrutement sont problématiques. Il en va exactement de même pour les carrossiers automobiles. Autres professionnels difficiles à trouver: les bouchers et les kinésithérapeutes.

Les employeurs attribuent leurs difficultés à recruter en grande majorité à la pénurie de candidats, un motif avancé par 83%, suivi par une inadéquation entre le profil recherché et les candidatures (78%). Des conditions de travail peu attractives, comme des horaires décalés, expliquent également les difficultés à recruter (50%).

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Coralie Cathelinais