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À peine 12 euros brut de l'heure: la CGT demande une augmentation du salaire minimum des vendangeurs

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Le syndicat regrette que la pénibilité, les conditions météorologiques et l'expérience ne soient pas prises en compte.

Les premiers coups de ciseaux ont eu lieu mi-août. En cette période de vendanges, la CGT appelle les vignerons à augmenter les salaires de leurs équipes. Le syndicat réclame une hausse des rémunérations minimales, à 17,25 euros brut par heure pour les coupeurs et à 19,15 euros pour les porteurs (contre respectivement 11,88 euros et 12,14 euros actuellement). "Les vendangeurs sont rémunérés au SMIC, il n'y a aucune prise en compte de la pénibilité alors qu'ils travaillent sous de fortes chaleurs", dénonce Damien Ferrier, secrétaire de l'Union régionale CGT Rhône-Alpes pour l'agroalimentaire et les forêts, auprès de BFM Business.

"L'expérience n'est pas non plus prise en compte, nous avons des saisonniers qui font les récoltes depuis 10 ou 15 ans, et ils sont payés au minimum légal."

Un peu plus au nord, la demande est la même. "C'est un travail difficile, ça se passe dans les intempéries, dans la chaleur, il y a de la pénibilité. Il y a aussi les porteurs qui amènent des charges relativement lourdes," dénonce André Hermélé, le secrétaire adjoint de la CGT dans le Bas-Rhin auprès de ICI Alsace.

"On cherche à réduire au maximum les coûts"

De son côté, le Syndicat des vignerons indépendants en Alsace estime que des hausses de salaires ne sont pas absorbables pour les employeurs. "Je suis conscient de la hausse du coût de la vie. Une vendange manuelle nous coûte 1.700 euros à l'hectare, alors qu'en vendange mécanique, on est à 750 euros", souligne son président Francis Backert à ICI Alsace.

"On cherche à réduire au maximum les coûts de production au quotidien, si on augmente les salaires des vendangeurs, on va passer à 2.000-2.300 euros à l'hectare, ça va faire un gros coût."

D'autant que les viticulteurs français traversent actuellement une crise de la demande, dans un contexte où la consommation de vin décroît. Par ailleurs, ceux qui misaient sur l'exportation outre-Atlantique sont frappés de plein fouet par les droits de douane de Donald Trump contre l'Europe. L'Union européenne n'a en effet pas réussi à obtenir d'exemption pour les vins et spiritueux.

"En Savoie, le minimum est de 13 euros"

Pourtant, selon Damien Ferrier, augmenter le salaire des vendangeurs est tout à fait possible. La preuve? "En Savoie, les vignerons les paient plus que le minimum légal, à 13 euros de l'heure", argue-t-il. Mais pour généraliser cette revalorisation, il faudrait convaincre tous les représentants des employeurs, puisque depuis 2021 les minimums sont fixés par la convention collective nationale agricole.

Par ailleurs, la CGT se dit particulièrement vigilante sur les conditions de travail des vendangeurs, après les scandales et la condamnation de trois personnes en champagne pour "traite d’êtres humains". Le syndicat dénonce également un décret qui permet à certains vignerons (en AOP ou en IGP) de supprimer le seul jour de repos hebdomadaire auquel ont droit les vendangeurs.

Marine Cardot