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Elizabeth II, Charles III... Combien coûte la famille royale aux Britanniques?

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Un rapport financier détaille chaque année le montant de la subvention royale, destinée à payer les voyages officiels de la famille royale, l'entretien des palais et les salaires des personnels.

Châteaux, sécurité, voyages officiels… De l'autre côté de la Manche, le coût de la monarchie britannique est parfois pointé du doigt. Mais à combien s'élève exactement la facture pour les Britanniques? Si la famille royale a longtemps gardé le secret sur ses comptes, elle fait preuve aujourd'hui d’un peu plus de transparence, via un rapport financier publié chaque année. Disponible en ligne, le dernier a été transmis en juin dernier.

Ce document donne des informations sur le montant de la subvention publique qui finance une partie des dépenses de la famille royale, ce que l'on appelle la "subvention royale". Cette dernière finance les voyages officiels de la famille royale, les réceptions, l’entretien des palais royaux et les salaires des personnels. Selon le dernier rapport financier, la subvention totale accordée à la famille royale sur la période 2021/2022 s’élevait à 86,3 millions de livres – presque 100 millions d’euros -, soit l’équivalent de 1,49 euro par habitant.

Mais cette somme comprend une rallonge qui est actuellement accordée pour financer la rénovation de Buckingham Palace, à Londres. Le palais royal bénéficie d'un programme de rénovation en cours sur dix ans, qui a été lancé en vue du jubilé de la platine de la Reine. De quoi gonfler la facture: si l'on enlève ces coûts liés à la rénovation du palais, la subvention royale représente 89 centimes d’euros par habitant.

Subvention royale

Cela ne veut pas pour autant dire que chaque Britannique paye exactement 89 centimes d’euros chaque année pour la famille royale. En fait, la Couronne britannique possède des terres et de l’immobilier, ce que l’on appelle le Crown Estate, qui génèrent des revenus destinés ensuite au gouvernement britannique. Et, en échange, le gouvernement rétrocède à la famille royale un pourcentage des bénéfices générés par le Crown Estate.

En ce moment, en raison des travaux à Buckingham Palace, 25% des bénéfices du Crown Estate sont versés à la famille royale. En temps normal, c’est 15%.

"Il ne s'agit pas d'un impôt spécial, il s'agit simplement d'un transfert d'une partie des revenus du domaine aux finances de la monarchie. (...) Ça ne coûte pas à chaque citoyen, ou à chaque sujet devrait-on dire, directement", précise François-Charles Mougel, professeur honoraire d’histoire contemporaine.

Cette subvention royale sera perpétuée après le décès de la reine Elizabeth II, comme l'a confirmé le nouveau monarque britannique Charles III. "Je vous confirme ma volonté de perpétuer la tradition en cédant les revenus héréditaires, y compris le patrimoine de la Couronne, à mon gouvernement pour le bénéfice de tous", a déclaré Charles III lors de la cérémonie de proclamation au palais Saint-James, à Londres, le 10 septembre dernier.

Frais de sécurité

Si cette subvention royale n'est pas piochée directement dans la poche du contribuable britannique, ce dernier paye tout de même une partie des dépenses de la Couronne. C'est le cas de certains frais de représentation et surtout des dépenses liées à la sécurité des membres de la famille royale. Là, ce sont bien les impôts qui les financent. Le montant reste néanmoins secret.

Ces sommes ne sont pas dévoilées "pour des raisons de confidentialité et de sécurité", confirme François-Charles Mougel. "Mais elles ne doivent pas être négligeables", souligne-t-il, rappelant les démarches entreprises, sans succès, par le prince Harry et sa femme Meghan pour bénéficier des mêmes niveaux de protection que les autres membres de la famille royale. "Je pense que ça se chiffre en dizaine de millions d'euros certainement", avance le spécialiste de l'histoire britannique.

Ce secret autour de l’argent de la famille royale reste une question est sensible pour une partie des Britanniques.

"Ce qui est mal perçu par certains, c'est le fait qu'elle n'est pas soumise à des contrôles et qu'une bonne partie donne l'impression d'être allouée à des dépenses somptuaires", souligne François-Charles Mougel.

"Ça active l'idée dans une partie de la population britannique, surtout aujourd'hui où les dépenses contraintes deviennent très lourdes, que la monarchie est le symbole des inégalités, de la richesse (...) et que ça ne correspond pas à une vision démocratisée du financement de la royauté".

Céline Pitelet avec Jérémy Bruno