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EDITO. Une France à l’arrêt

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. L'ancien commissaire européen Thierry Breton, dont le nom circule pour rentrer au gouvernement, dénonce "une France à l’arrêt". Il a raison.

C'est une analyse clinique de la situation du pays qu'a déroulé lundi matin sur BFMTV/RMC l'ancien commissaire européen, Thierry Breton. "La France est à l'arrêt depuis maintenant quasiment un an, a-t-il expliqué. On a eu quatre premiers ministres qui se sont succédé. On a les agents économiques qui sont à l'arrêt, qui attendent de savoir s'ils vont investir. On a vraisemblablement un risque de restructuration importante pour nombre d’entreprises".

Il a raison. La Banque de France n’a pas dit autre chose lundi, lors de la présentation de ses prévisions 2024-2027, qui prévoient une baisse de la croissance 2025 révisée de 1,2% à 0,9%, avec un chômage qui repart à la hausse, proche de 8%. En cause, un "risque de comportement plus attentiste des consommateurs et des investisseurs" dû à la situation politique. Et la "reprise décalée de 2025 à 2026" évoquée dans les prévisions repose implicitement sur une amélioration de la situation politique qui est loin d'être gagnée.

Certes, Patrick Martin craignait une légère récession, on n’y est pas finalement et c’est heureux. Mais en termes de réformes, cela fait bien un an que plus rien ne se passe. Nous sommes bien à l’arrêt.

Le début du mandat a vu la réforme des retraites, de l’assurance-chômage puis du RSA. Mais depuis la sortie d’Elisabeth Borne, plus rien.

Il a fallu des semaines au président de la République pour lui nommer un successeur, puis des semaines encore pour compléter le gouvernement. À peine Gabriel Attal a-t-il eu le temps de s'installer à Matignon que déjà il était temps de partir en campagne pour les européennes.

On connaît la suite: l'échec aux élections, une dissolution que personne n'a compris, un président qui s'entête et la France qui s'enfonce. Encore de trois mois de perdus avant que le chef de l'État ne désigne Michel Barnier.

Quatre Premiers ministres en un an

Entre-temps, la confiance des agents économiques s'est érodée, l'investissement a ralenti, les dépenses ont explosé de manière incontrôlée... François Bayrou est le quatrième Premier ministre depuis le début de l’année. C’est plus en douze mois que durant tout le premier quinquennat.

Son objectif premier va donc être d’apporter un peu de stabilité, et faire voter un budget. Un budget qui promet beaucoup de hausses d'impôts, ce qui ne va pas aider la croissance.

Par contre, côté réformes… Hormis un peu de proportionnelle, plus rien jusqu’en 2027. Une France à l’arrêt on vous dit. Et comme au vélo, quand on s'arrête de pédaler, on tombe.

Raphaël Legendre