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Economie

EDITO. Réduire les dépenses avec la gauche: trois doutes et un espoir

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Pour se doter d’un budget, le gouvernement tend désormais la main à la gauche plutôt qu’à la droite, tout en affirmant vouloir miser sur les économies. Est-ce crédible?

Convoquer socialistes, verts et communistes pour tenter de faire passer un budget censé reposer d’abord et avant tout par des économies. C'est vrai qu'à première vue, on pourrait penser qu'il y a comme un hiatus dans l’énoncé.

On peut donc émettre quelques doutes - j’en ai au moins trois en tête - mais restons optimistes, je dirai qu’il y a aussi un espoir.

Des doutes sur les économies

Le premier doute, c'est que pour l’instant, comme pour Barnier, on entend parler que de hausses d’impôts. Surtaxe d’IS, contribution des ménages les plus aisés, taxe sur les billets d’avion, et même hausse de la flat tax... Un véritable festival fiscal!

Par contre côté économies, c’est le désert des Tartares. Même les retraites, pourtant la première dépense du pays, on a rajouté 4 milliards à la copie de Barnier. Merci la censure!

Le deuxième doute concerne la volonté même des membres de ce gouvernement de dégager le moindre euro d’économie, quand j’entends Élisabeth Borne affirmer qu’elle va "se battre" pour éviter les 4.000 suppressions de postes de prof alors que la population scolaire va baisser de 500.000 élèves durant ce quinquennat.

Ou Gérald Darmanin pour qui “ça n’aurait pas de sens de revenir au gouvernement, de me nommer ministre d’État, de me donner un rang protocolaire important, pour retirer des moyens à la Justice.” Je rappelle à tout ce petit monde que le déficit public avoisine les 200 milliards.

Mon troisième doute, c’est la capacité de demander la moindre économie à la gauche. En s'alliant avec une droite censée prôner le sérieux budgétaire, le précédent gouvernement a laissé un budget avec 43 milliards d’euros de hausse des dépenses alors qu’il devait faire 40 milliards d’économies. Imaginez ce que ça peut sonner avec une gauche qui passe son temps à crier à l’austérité à la moindre coupe budgétaire...

Et pourtant vous gardez quand même un espoir?

Paradoxalement, c’est quand même sous des gouvernements de gauche qu’on a le plus redresser les comptes publics ces 25 dernières années. C’est sous Lionel Jospin avec Dominique Strauss-Kahn à Bercy qui avaient ramené le déficit à 1,3% en 2000.

C’est aussi, malgré tout, sous François Hollande qui chaque année de son mandat a tenu l'effort de réduction des déficits, en tenant beaucoup plus fermement les dépenses que son successeur. C'est grâce à François Hollande qu'Emmanuel Macron a pu afficher 2,3 % de déficit en 2018.

Alors peut-être faut-il un homme de gauche pour s’atteler à cette immense tâche? C'est le cas d'Eric Lombard. On lui adresse tous nos vœux de réussite.

Raphaël Legendre