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EDITO. N’importe quoi budgétaire suite: et maintenant, les retraites...

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Le PLFSS arrive à l’Assemblée avec parmi les sujets chauds, les retraites. RN, NFP, Liot... Une majorité de députés souhaite abroger la réforme Borne. Ce serait un suicide budgétaire.

L’absurdité budgétaire continue. Après avoir alourdi de 60 milliards d'euros les prélèvements du pays déjà le plus taxé au monde (nous), voilà que nos chers, très chers députés veulent - dans le pays le plus dépensier au monde – c'est nous aussi – renforcer la plus lourde des dépenses : je veux parler des retraites.

C’est désolant, mais entre NFP, Liot, RN, c’est-à-dire 340 sur 577 - vous avez aujourd’hui une large majorité d’élus de la nation prêts à faire croire aux Français que nous pourrions être le seul pays européen à partir à 62 ans quand l’Allemagne, l’Italie, le Portugal ou les Pays-Bas sont tous à 67 ans.

Mur budgétaire

Budgétairement, ces 340 députés sont prêts à nous mener dans le mur. Il faut le dénoncer haut et clair. Les retraites sont la première des dépenses publiques et les plus généreuses d’Europe. 380 milliards, 1 euro sur 4 de dépense publique part dans la poche de nos retraités, C'est 2 points de PIB de plus que la moyenne des autres pays européens ; 60 milliards d'euros.  

Tout irait bien si notre régime était à l’équilibre, mais ce n’est vraiment pas le cas. Chaque année, l’Etat emprunte 40 milliards pour financer les retraites des fonctionnaires. Si on ajoute les régimes spéciaux, c’est même 75 milliards. La moitié de notre déficit !

Et qu’a-t-on fait l’année dernière ? On rayé d’un trait de plume tous les effets bénéfiques de la réforme Borne en augmentant de 5,4% les pensions début 2024. La réforme Borne, c’était 17,7 milliards de gains en 2030 ; 9 mois plus tard, on a augmenté de 15 milliards les pensions !

On ne construit pas une société prospère sur l’oisiveté

On a cramé la caisse en moins de 12 mois, et là, on se dit qu’il faudrait revenir en arrière ? Selon la CNAV, cela coûterait 3,4 milliards en 2025 et 16 milliards en 2032. Le déficit serait de 32 milliards à cet horizon. On va jusqu’où comme cela ? Et ce n’est certainement pas avec des hausses de cotisations sur les hauts salaires ou le retour de l’ISF comme le prône LFI, ou par une hausse de la taxe sur les transactions financières comme le propose le RN, qu’on financera ce désir brûlant de travailler moins.

La période actuelle devrait nous faire réaliser qu’il n’y a pas d’argent magique. Que tout se paye un jour ou l’autre. Nous sommes déjà ceux qui en Europe passons le plus de temps à la retraite et qui travaillons le moins dans l’année. On ne construit pas une société prospère sur l’oisiveté. Et que si nous voulons rester maître de notre destin, il faudra bien travailler plus, et plus longtemps.

Raphaël Legendre