ÉDITO. Le report de la revalorisation des retraites est-il juste?

L’annonce par l’exécutif d’un report de la revalorisation des retraites a déclenché une cascade de réactions outrées, tant du côté des syndicats de retraités qui se sont “insurgés” contre ce report de six mois, que de celui des politiques comme Marine Le Pen qui a déclaré sur X que c’était « voler à nos aînés des milliards d'euros de pouvoir d'achat », et jusqu'à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui hier a appelé à préserver les "petites retraites".
A n’en pas douter, le sujet des retraites sera l’un des temps forts de l’examen budgétaire cet automne. Mais toutes ces réactions sont un peu excessives... Car bien souvent, l'on se trompe sur la situation de nos retraités. Un rapport récent de la Dress indique en effet que 55% des Français pensent que le niveau de vie moyen des retraités est inférieur au reste de la population. C’est faux.
Leur niveau est en réalité à peu près égal à celui des actifs : 98,7% selon un rapport du COR en 2021. Parce qu’ils héritent en arrivant à la retraite, qu'ils ont plus d’épargne, qu'ils n’ont plus d’enfants à charge et surtout, qu'ils n’ont plus de crédit immobilier à payer, leur niveau de vie est même supérieur de 5% à celui de l’ensemble de la population.
Les petites retraites revalorisées
Alors bien sûr, il y a la question des petites pensions. Deux millions de retraités vivent sous le seuil de pauvreté (1.216 euros pour une personne seule et 1.824 euros pour un couple). Mais le minimum retraite ne sera probablement pas touché, trop explosif politiquement ; et 1,1 million de retraités sont sur le point de voir leurs petites pensions revalorisées de 50 à 100 euros. Une conséquence de la réforme des retraites que certains voudraient abroger !
Donc attention aux plus précaires bien sûr, mais il est normal que les retraités contribuent au redressement des comptes publics. L’effort demandé n’est d’ailleurs pas disproportionné. Quatre milliards d'euros - c'est ce que rapportera la mesure en 2025 - c’est 10% des économies à trouver alors que les retraités représentent 22% de la population.
Surtout, on ne fait qu’effleurer ici l’éléphant budgétaire dans la pièce, qui est la viabilité de notre système par répartition. Va-t-on pouvoir longtemps encore consacrer 1/6e de notre PIB aux retraites, et un euro sur quatre de dépense publique ? Ce qui pose une autre question : celui du développement de la retraite par capitalisation. Mais ça, ça fera l’objet d’un autre édito.