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EDITO. La submersion administrative et fiscale, voilà l’ennemi

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. De Patrick Pouyanné à Bernard Arnault, en passant par Florent Menegaux (Michelin), Luc Rémont (EDF) ou Ben Smith (Air France-Klm), rarement autant de grands patrons n'auront donné de la voix contre le poids de l’Etat. Le gouvernement répond que “chacun doit prendre sa part aux efforts”. Qui a raison?

La question de fond du débat auquel on assiste ces dernières semaines, c’est en réalité de savoir si l’Etat reste un garant de la prospérité de la nation - en assurant la sécurité du territoire et son bon fonctionnement, la bonne gestion des deniers publics - ou s’il devient le fossoyeur de cette prospérité, le siphon qui aspire la ressource pour nourrir un moloch hors de contrôle produisant chaque jour davantage de normes qui étouffent les producteurs de richesse que sont les entreprises.

En ce sens, l'alerte de tous les grands patrons qui sont sortis depuis début décembre mérite d’être écoutée. La question que tous nous devrions nous poser, c’est est-ce que la vraie menace de submersion n’est pas d'abord et avant fiscale, normative et administrative?

En même temps, les entreprises étaient bien contentes de trouver l’Etat durant le Covid...

C’est vrai que l’Etat a socialisé une bonne partie des charges et des salaires durant la crise sanitaire puis a endossé une partie du coût de la crise énergétique, ce qui a aussi profité aux entreprises.

Sauf ce que le consommateur ne paye pas à un instant T, c’est le contribuable qui finit par le payer. Sauf que sous les dépenses exceptionnelles, ce sont les dépenses courantes de fonctionnement, les dépenses sociales qui ont prospéré.

Sur la période 2019-2023, on a créé en France 140 milliards d'euros de richesses supplémentaires, de PIB supplémentaire. Dans le même temps, la dépense publique a augmenté de 260 milliards. 140 milliards d’un côté, 260 milliards de l’autre... Elle est là la submersion.

Et que fait-on au lieu de réduire la baudruche? On augmente les impôts dans le pays le plus taxé au monde. Le Haut Conseil aux finances publiques ne dit pas autre chose dans son avis rendu mercredi soir sur le budget: “la hausse du taux de prélèvements obligatoires explique la quasi-totalité de l’ajustement structurel en 2025.” Et on ouvre le débat des retraites pour travailler moins. En résumé, on accélère le déséquilibre. On fonce vers le mur en klaxonnant.

En même temps, vu la situation politique, on fait quoi?

On écoute ce qu’on a dire les responsables économiques. On ouvre les yeux sur l’état réel de notre pays et du monde. Mercredi, lors d’une audition à l’Assemblée, le président du Medef, Patrick Martin a dénoncé cet “écart croissant entre le débat politique et la réalité sociale et économique telle que nous la vivons”.

Le coup de pression des entreprises arrive évidemment à un moment particulier puisque c’est ce jeudi que se tient la commission mixte paritaire, de laquelle va accoucher la version finale du PLF 2025. On est dans le “money time” .

Mais le message du patronat restera tout aussi pertinent après le budget. Le débat va continuer jusqu’en 2027. En attendant, je crains que la facture fiscale ne fasse qu’augmenter.

Raphaël Legendre