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EDITO. François Bayrou a tenu grâce au conclave des retraites, maintenant qu'il s'achève, le Premier ministre a-t-il encore un avenir?

Le Premier ministre François Bayrou, le 13 juin 2025 à Saint-Rémy-de-Provence

Le Premier ministre François Bayrou, le 13 juin 2025 à Saint-Rémy-de-Provence - GABRIEL BOUYS © 2019 AFP

Après trois mois de négociations, le conclave prend fin. Avec quelle suite politique pour le texte et quel avenir pour François Bayrou? C’est la grande question ce matin.

Le Premier ministre espérait deux choses en lançant le conclave sur les retraites: s'assurer le vote du PS sur le budget 2025 et gagner quelques mois de répit politique.

Sauf que le jeu s’est retourné contre lui. En promettant au PS de faire voter l’accord par le Parlement — une Assemblée sur laquelle l’exécutif n'a plus la main, et où les menaces de censure sont de plus en plus présentes, le Premier ministre s'est mis dans une impasse.

Un PS divisé face à l’accord

Si l'accord final signé entre les partenaires sociaux prévoit, comme il est très probable, de maintenir l’âge de départ à la retraite à 64 ans, le PS risque de voter contre.

Tout juste réélu à la tête du PS (et réélu tout juste avec seulement 50,9% des suffrages exprimés) , Olivier Faure fait monter la pression. D’après lui, "tout est sujet de censure, mais tout est sujet de compromis".

Une ligne contestée en interne, notamment par les partisans de Nicolas Mayer-Rossignol, son principal opposant, qui rejettent l'idée d'une censure à quelques mois avant les municipales — une élection généralement favorable au PS.

Un PS qui, en plus, aurait du mal à s’opposer à un accord soutenu par la CFDT, en particulier s’il prévoit des progrès sur la pénibilité, le cas des femmes ou les carrières hachées.

Un calendrier politique flou

Quand l'accord sera-t-il examiné au Parlement? Impossible à dire. Fidèle à son style, François Bayrou n’a donné aucune indication à ses ministres.

Plusieurs bruits circulent quant à des voies de passage un peu originales pour faire passer le texte. Seule certitude: il faudra inscrire les mesures financières dans le prochains projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Pour François Bayrou, le moment de vérité arrivera avec le vote du budget, à l’automne.

Un nom ressort déjà pour le remplacer à Matignon le moment venu. Celui de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. Proche d’Emmanuel Macron, fidèle (il est le seul ministre resté en place depuis 2017), discret. le Président le verrait d'un bon œil dans ce rôle.

Bayrou garde quelques cartes en main

Mais le Béarnais n'a pas dit son dernier mot. Sa famille politique, le MoDem, pèse dans la majorité. Emmanuel Macron aurait du mal à s'en passer.

Hier, François Bayrou a sorti de son chapeau une nouvelle proposition: une prime afin d’encourager le maintien des seniors dans l’emploi, et la possibilité de prolonger le conclave de quelques jours. Au grand dam des partenaires sociaux, irrités par cette intervention de dernière minute.

François Bayrou joue donc son va-tout jusqu’au dénouement de l’automne. Sa carrière politique n’est pas encore scellée.

Raphaël Legendre