EDITO. Emmanuel Macron voulait faire grossir les PME mais le poison lent de la dette produit l'effet inverse: les défaillances se multiplient

Ces dernières semaines, plusieurs marques bien connues ont disparu: le Comptoir des Cotonniers, Casa France ou encore Princesse Tam Tam. À la clé, des centaines d’emplois supprimés.
Selon Altares, qui publiait récemment son analyse des défaillances d’entreprises, la situation reste critique. Certes, la vague observée depuis dix-huit mois devrait ralentir d’ici fin 2025, mais "le bilan reste encore lourd pour les PME d’au moins 100 salariés".
58 d’entre elles ont fait défaut au deuxième trimestre, soit quasiment une chaque jour ouvré, et 109 depuis le début de l’année (+30 % sur un an). En tout, 26.600 emplois ont été détruits.
Ce sont pourtant ces entreprises que le président de la République voulait accompagner pour les faire croître. Entre 2017 et 2022, la France avait bien gagné 872 ETI supplémentaires, soit une hausse de 25%. Mais cette dynamique est désormais freinée.
Endettement: le facteur clé
Les Urssaf jouent un rôle déterminant dans la détection des défaillances. Pendant la crise Covid, elles avaient suspendu les recouvrements de cotisations. Depuis deux ans, elles mènent des plans de régularisation, que certaines entreprises, notamment dans des secteurs fragiles comme l’habillement, ne peuvent plus honorer.
Beaucoup sont étranglées par leur niveau d’endettement, tout comme l’État lui-même. Ce phénomène, souligné hier sur notre antenne par Andrea Maechler, directrice générale adjointe de la BRI (la banque centrale des banques centrales), devient un risque systémique.
Depuis 2017, la dette publique française a augmenté de 50%, atteignant 3.345,8 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit 1.114 milliards de plus en huit ans. La France affiche aujourd’hui le déficit public le plus élevé de la zone euro.
La dette, premier poste budgétaire
Conséquence directe: l’État n’a plus les moyens d’investir dans ses priorités – école, infrastructures, recherche. Et la situation va encore se détériorer.
D’ici quatre ans, le gouvernement anticipe une hausse de 61% du coût de la dette. La charge annuelle des intérêts passera de 67 milliards d’euros en 2025 à 108 milliards en 2029. Soit 40 milliards supplémentaires chaque année, payés aux créanciers et non investis dans les services publics.
Et cette prévision repose sur deux paris risqués: la réalisation de 40 milliards d’euros d’économies dans le cadre du budget 2026 –jamais documentées à ce jour– et un scénario macroéconomique jugé trop optimiste par la Commission européenne.
Pourtant, cette alerte ne suscite aucune réaction notable. Le poison de la dette continue donc d’agir, en silence.
Pendant ce temps, l’Espagne, le Portugal, et désormais l’Italie empruntent à des taux inférieurs à ceux de la France. À ce rythme, la question n’est plus de savoir qui survivra à la dette, mais qui en paiera le prix.