EDITO. Budget: où sont passées les économies?

C’est assez spectaculaire de voir à quelle vitesse le gouvernement est en train de renoncer à toute ambition de réduction de la dépense publique pour tomber dans cette vieille préférence française pour l’impôt.
Sur les collectivités locales par exemple, qui trouvent l’effort de 5 milliards d’euros trop important, Gérard Larcher promet de baisser la facture à 2 milliards seulement. Il manque trois milliards? “Nous les trouverons ailleurs”, se contente de répondre le président du Sénat. Zéro plan d’économies.
Sur les retraites. Laurent Wauquiez a eu son totem politique avec la revalorisation au 1er janvier. Il en coûtera 800 millions l’année prochaine. Que propose-t-il en face?
La fusion de France Stratégie et du Haut-commissariat au plan. Un million d’économies tout au plus. Et les 799 autres?
En face, chez EPR, on trépigne, forcément. Au moins est-ce pour une mesure pro-business: revenir sur les 4 milliards d’économies sur les allègements de charge. C'est ça, le butin de guerre de Gabriel Attal.
Mais si Wauquiez a reçu un petit milliard, pas question d’en lâcher quatre au jeune Attal. Ce sera deux, ou rien. Financés comment? Là non plus, on n’en sait rien.
Et que dire des plaintes des ministres qui se roulent par terre pour leur budget?
Didier Migaud – ancien premier président de la Cour des comptes pendant 10 ans, vigie en chef des comptes publics! - qui obtient 250 millions. Encore peut-on se dire que la justice en a besoin.
Mais la culture? 300 millions de plus pour la rénovation du patrimoine et des “centres de conservation et d'étude archéologiques” en région. Sérieusement? Avec 180 milliards de déficit?
Et ce n’est pas fini: Bruno Retailleau (275 millions), les agriculteurs (115 millions, pour le moment)... Nos confrères du Parisien ont fait le point. En quelques semaines, Michel Barnier a lâché au moins 7 milliards d’euros.
Et que se passe-t-il quand on ne fait pas d’efforts sur la dépense? Ce sont les impôts qui augmentent et le contribuable qui trinque.
Hausses d'impôts à gogo
Le pire, c’est qu’ils augmentent exactement là où il faudrait les baisser.
Le chômage grimpe? On alourdit le coût du travail
Le marché immobilier s’effondre? On augmente les droits de mutations, les “frais de notaires”.
Les entreprises tirent la sonnette d’alarme sur la conjoncture? Pas plus tard qu’hier, on annonce une nouvelle augmentation du versement transport.
Sans parler des taxes sur l’électricité et le gaz qui vont encore augmenter alors que l’on sait que l’énergie est au cœur du décrochage de la compétitivité de nos entreprises.
On va jusqu’où comme cela?
Michel Barnier promettait de "faire beaucoup avec peu" dans son discours de politique général.
Pour l’instant, il fait peu pour réduire la baudruche des dépenses publiques... Et cela va nous coûter beaucoup.