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EDITO. Budget: le ministre de l'Economie Éric Lombard reprend des discussions avec les parlementaires

Eric Lombard, le 23 décembre 2024

Eric Lombard, le 23 décembre 2024 - JULIEN DE ROSA / AFP

L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Éric Lombard va contacter ce lundi tous les partis politiques représentés au Parlement pour les inviter à venir discuter du budget à Bercy et tenter de le faire passer sans 49.3.

Le nouveau ministre de l'Économie et des Finances a dévoilé un début de feuille de route chez nos confrères de La Tribune dimanche. Le nouvel objectif de déficit du gouvernement n'est plus de 5 % du PIB, mais “un peu au-dessus de 5 %” (alors que la loi de programmation des finances publiques votée fin 2023 prévoyait 3,7 % de déficit en 2025).

Et pour y arriver, Eric Lombard demande davantage d'économies que de hausses d’impôts. Hausses d'impôts sur lesquelles il pourra y avoir des discussions, mais qui devront demeurer "très limitées" précise le ministre.

Beaucoup d'économies, un peu de hausses d'impôts, c'était aussi la promesse du gouvernement Barnier. Or, après quelques semaines d'examen parlementaire, on a fini avec l'inverse : 40 milliards de hausses d'impôts et 20 milliards d'économies. Du coup, on n’y voit plus très clair sur le point de reprise du nouvel exécutif.

Pour rappel, la partie recettes du projet de loi de finances (PLF) 2025 a été rejetée à l’Assemblée nationale et était en cours d'examen au Sénat, jusqu'à ce que la censure stoppe net les discussions.

En date du 4 décembre, arrêt des travaux, le déficit issu du texte affiche 5,4 % du PIB, la dette 115,1 % du PIB, les économies, on les cherchait un peu avec une dépense publique en hausse de 43 milliards en 2025, qui franchit pour la première fois les 1 700 milliards (1 701 milliards). C’est quand même un dérapage de 33 milliards par rapport à ce qui était prévu dans la loi de programmation des finances publiques de 2023. C'est dire s'il y a urgence à redresser la barre.

Et sur les recettes, c'est compliqué. Bercy attendait 8 milliards d'euros de surtaxe d’IS côté entreprises et 2 milliards de contribution sur les hauts revenus côté ménages. Dix milliards de recettes supplémentaires qui pourraient être retoqués par le Conseil constitutionnel pour cause de rétroactivité, le PLF n'ayant pas été adopté en 2024.

Bercy trouvera très certainement une solution pour contrer ce petit problème, probablement en demandant un acompte d’IS comme ce qui a déjà été fait par le passé.

Des précédents sans succès

Voilà pour les grandes lignes de ce que devrait présenter Eric Lombard aux différents groupes politiques cette semaine. Mais rien ne dit que ces rencontres ne changent quoi que ce soit à la donne politique. Les exemples précédents laissent même peu d’espoir en réalité.

Tous les nouveaux ministres, qu’ils soient des Finances ou des Comptes publics, ont fait de même avant Eric Lombard. Gabriel Attal avait lancé les “dialogues de Bercy” dès l’automne 2022, repris en format resserré par Thomas Cazenave un an plus tard. Le ministre sortant des Finances, Antoine Armand, lui aussi a reçu tous les groupes parlementaires l’automne dernier. Tout cela sans succès.

Ces dialogues n’ont jamais empêché de terminer l'examen du budget par un 49.3... et même une censure cette année. La politique reprend toujours le dessus. Un budget, la majorité vote pour ; les oppositions votent contre. C’est comme cela.

On verra ce que l'équipe en place prépare d'ici au 14 janvier, date du discours de politique général de François Bayrou. Mais la vérité, c’est que le gouvernement demeure pour l’instant entre les mains d’une seule et unique personne : Marine Le Pen.

Sauf à ce que le PS accepte de s'abstenir sur le budget. C’est là qu’Eric Lombard, venu de la gauche, a une carte à jouer. Mais le trou de souris n’est pas grand.

Raphaël Legendre