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EDITO. Budget: clap de fin pour un texte "Frankenstein"?

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. François Bayrou va dégainer son premier 49.3 ce lundi pour clôturer l’examen du projet de loi de finances. Un budget sans cap ni forme, dont le principal mérite est de permettre de mettre un terme à une saison budgétaire interminable.

Aux auditeurs du matin qui n’en peuvent plus d’entendre parler tous les matins du budget depuis le mois de septembre, j'ai une bonne nouvelle: le jour de libération budgétaire est arrivé.

Le 49.3 que va présenter François Bayrou cet après-midi va en effet nous débarrasser de ce texte Frankenstein qui ne ressemble pas à grand-chose, mais qui a le mérite d’exister et de nous sortir de ce tunnel sans fin.

C’est d'ailleurs à peu près son seul mérite, car pour le reste, il n’adresse aucun des maux du pays. Pire, il en renforce quelques-uns comme la pression fiscale.

En même temps, comment faire quand le même texte est passé par trois gouvernements différents?

Amorcé par le gouvernement Attal à l’été 2024, on parlait à l'époque comme d’un budget “réversible”, puis amendé par le gouvernement Barnier, principalement sous la pression des chefs à plumes de son propre bloc central et du RN, pour finir par François Bayrou qui est allé chercher à gauche les dernières couches de ce millefeuille assez indigeste.

Il a fait le tour de l’échiquier politique ce budget. Pas étonnant qu’on ait du mal à trouver un cap clair. D’une certaine manière, le PLF 2025 est à la fois l’aboutissement paroxystique du “en même temps” - on a voulu faire plaisir à tout le monde, du PS au RN - mais c'est aussi le texte qui enterre symboliquement le macronisme en signant le grand retour des hausses d'impôts.

Stabilité politique

Va-t-il au moins nous permettre d’avoir un peu de stabilité politique? Probablement. On verra mercredi le vote de la censure. Mais globalement, l’ambiance à l’Assemblée est plutôt du côté de "mieux vaut un mauvais budget que pas de budget du tout". Même s’ils regardent ça de loin, les Français en ont plutôt ras-le-bol de ce bazar.

Après, c’est vrai qu’en termes de finances publiques, c’est loin d’être la panacée. On devait arriver à 5% de déficit, on sera à 5,4%. Et il a encore fallu lâcher cinq milliards aux socialistes dans la dernière ligne droite.

Attention! Il ne s’agit ici que de prévisions. Attendons l’exécution budgétaire dans un an. Je ne suis pas sûr que l’on arrive au 0,9% de croissance inscrit dans le texte en 2025, si la croissance de l'activité tombe à 0,5% comme l'anticipent certains. Les risques de dérapage sont élevés.

Mais ça, c’est une autre histoire. Pour l’instant, réjouissons-nous: c’est l’heure de dire adieu à Frankenstein. Il ne nous manquera pas.

Raphaël Legendre