ÉDITO. Alerte rouge sur la croissance potentielle

Le scénario macroéconomique du projet de loi de finances prévoit un abaissement accéléré de la croissance potentielle de la France à 1% d'ici cinq ans.

L’appauvrissement du pays accélère.

Il y a un chiffre que personne n’a encore vu, mais qui est extrêmement inquiétant, peut-être davantage encore que les 60 milliards d’efforts dont tout le monde parle ce matin. C’est la baisse de la croissance potentielle du pays.

La croissance potentielle, c’est quoi? C’est pour faire simple la puissance du moteur de notre économie, le nombre de chevaux sous le capot en quelque sorte.

Et comme l’économie détermine le social et pas l’inverse, c’est ce qui donne le niveau de recettes que vous pouvez collecter pour financer les écoles, les hôpitaux, la transition écologique...

La croissance potentielle, c’est le niveau de prospérité d’un pays.

L’Edito de Raphael Legendre : Croissance, le moteur cale - 03/10

3:06

Et ce niveau baisse?

Oui. Dans le cadrage macroéconomique du budget envoyé hier au HCFP, Bercy a revu à la baisse le niveau de croissance potentielle de la France: de 1,35%, elle est revue à 1,2% sur la période 2023-2028 et devait tomber à seulement 1% à partir de 2029, “compte tenu du ralentissement de la population active”, indique Bercy.

Et là, on touche un sujet majeur pour l’avenir de la nation. Un sujet que pourtant, personne ou presque dans la classe politique n’ose aborder.

La démographie?

Oui, la démographie, premier déterminant de la création de richesse d’un pays. Le vieillissement auquel nous assistons – qui est une bonne nouvelle, cela veut dire qu’on vit plus longtemps – est aussi synonyme d’augmentation de nos dépenses sociales, de santé et de retraites, qui pèsent déjà lourd, plus de la moitié de nos dépenses publiques...

Face à cette augmentation de la population des seniors, on fait en France de moins en moins d’enfants. De deux enfants par femme en 2010, on est à 1,6 aujourd’hui. Et la baisse des naissances accélère. On vient de toucher un plus bas depuis 1945.

Moins d’enfants c’est moins d’actifs. Moins d’actifs c’est moins de cotisations pour financer notre modèle social coûteux. Et c’est moins de croissance tout court.

Ajoutez à cela un endettement hors de contrôle, et vous avez les ingrédients d'un appauvrissement généralisé à vitesse grand V. Un appauvrissement qui a déjà démarré: cet été, le niveau de vie moyen des Français est passé sous la moyenne européenne.

Raphaël Legendre