Union européenne: quels pays profitent le plus du marché intérieur?

Quels pays européens profitent le plus du marché intérieur? - EMMANUEL DUNAND / AFP
À une semaine du scrutin, la campagne des élections européennes bat son plein. Entre europhiles convaincus, "eurocritiques" -comme s’était qualifié Jean-Luc Mélenchon- et partisans d’une sortie sèche de l’UE, chaque camp tente d’avancer ses arguments pour défendre la poursuite du projet européen ou la nécessité de mettre un coup de pied dans la fourmilière.
Une étude de la fondation allemande Bertelsmann parue il y a quelques jours et repérée par Le Monde apporte un argument de poids aux défenseurs de l’Europe. Selon elle, le marché unique de l’Union européenne a été bénéfique à l’ensemble de ses membres en permettant à leurs citoyens d’accroître leur revenu de 840 euros par an en moyenne.
Pour rappel, le marché intérieur européen et ses 500 millions de consommateurs est le plus grand espace économique sans barrières du monde. Il se caractérise par la libre-circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes et regroupe l’ensemble des États-membres de l’Union européenne (Royaume-Uni compris) ainsi que quatre pays ayant signé des accords pour l’intégrer: l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.
Zurich, Londres et Bruxelles premiers bénéficiaires
Si tous les territoires semblent avoir profité du marché intérieur selon la fondation Bertelsmann, le rapport montre d’importantes disparités. Au niveau régional, Zurich Londres et Bruxelles sont les trois zones où les citoyens bénéficient le plus du marché commun avec une hausse moyenne respective de leur revenu de 3590 euros, 2700 euros et 2470 euros par an. Autrement dit, le top 3 se compose d’une zone qui ne fait pas partie de l’Union européenne (Zurich) et d’une autre qui s’apprête à la quitter (Londres).
En France, les citoyens voient leur revenu augmenter en moyenne entre 736 euros (Languedoc-Roussilon) et 1556 euros (Ile-de-France) par an grâce au marché intérieur. Au niveau national, les Français perçoivent en moyenne 1074 euros par an. C’est plus que les Allemands (1046 euros par habitant) mais bien moins que les Irlandais (1900 euros), les Luxembourgeois (2800 euros) ou les Suisses (2900 euros).
D’autres pays sont moins bien lotis. En Bulgarie (193 euros en moyenne), Roumanie (242 euros) ou en Grèce (401 euros), les gains sont compris entre 120 et 500 euros selon les régions. Autrement dit, tout le monde est gagnant dans le bloc des 28 mais certains plus que d’autres. Pour compenser, ces pays font partie des bénéficiaires nets de l’Union européenne, c’est-à-dire que Bruxelles leur verse plus d’argent qu’ils n’en donnent pour le budget européen.
Les zones urbanisées et industrialisées favorisées
Pour réaliser ses calculs, la fondation Berstelsmann a analysé les revenus générés par les échanges réalisés dans le cadre du marché unique. Avant de rapporter ces gains de PIB pour chaque État au nombre d’habitants. Il en est ressorti que les principales bénéficiaires étaient naturellement les grandes nations exportatrices. Au niveau régional, ce sont les zones urbanisées et industrialisées qui ont le plus profité de l’espace économique européen.
Pour certains pays comme les Pays-Bas ou l’Autriche, "le marché commun vaut de l’or parce qu’ils ont des industries concurrentielles mais dépendantes des exportations en raison des petits marchés nationaux", explique Dominic Ponattu, de la fondation Bertelsmann.
Gains inégaux au pays du Brexit
Si le Royaume-Uni fait partie des pays qui jouissent le plus du marché intérieur, c’est aussi celui qui présente les disparités les plus importantes. D’où les divisions qui existent actuellement sur le Brexit outre-Manche.
Dans le sud du pays, des régions comme Londres ou Oxford tirent leur épingle du jeu avec une hausse du PIB par habitant de 2700 et 985 euros en moyenne par an grâce au marché commun. Dans le Nord, les gains sont en moyenne de 600 euros, soit en-deçà de la moyenne nationale (776 euros).
"Une sortie complète du marché intérieur des Britanniques aurait des conséquences néfastes sur le Grand Londres, mais surtout sur les régions du sud du pays où l'industrie et l'innovation sont fortes", estime Dominic Ponattu.