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Union européenne

Élections allemandes: ce que proposent les différents partis politiques pour sauver l'économie

Le chancelier allemand Olaf Scholz le 11 décembre 2024 à Berlin.

Le chancelier allemand Olaf Scholz le 11 décembre 2024 à Berlin. - Tobias SCHWARZ / AFP

Retour ou sortie du nucléaire, plus ou moins de fiscalité sur les entreprises, débureaucratisation ou suppression des normes… Tour d'horizon de ce que proposent les différents partis pour relancer une économie en panne.

Un scrutin à enjeux pour l'Allemagne, mais aussi pour la France. Des élections législatives anticipées ont lieu ce dimanche outre-Rhin, trois mois après l’implosion de la coalition d’Olaf Scholz.

Ce scrutin est décisif pour l'économie allemande qui traverse une sombre période. La "locomotive de l’Europe" a vu son PIB se contracter pour la deuxième année consécutive. L'Allemagne étant le premier partenaire commercial de la France, Paris scrute de près les résultats de cette élection.

Pour le moment, le parti de l'actuel chancelier (social-démocrate) est à la peine dans les sondages. L'alliance CDU/CSU (conservateurs) semble bien partie et se classerait en première position, tandis que l'AfD (extrême droite) arriverait deuxième. Le SPD d'Olaf Scholz est troisième, devant les Verts (Die Grünen) et la formation de gauche Die Linke.

À l'issue de l'élection, les partis devront discuter afin de former une coalition gouvernementale majoritaire. Voici l'essentiel des programmes économiques des différents partis pour relancer l'économie.

Ce que proposent les conservateurs de la CDU

• Baisse de la fiscalité sur les entreprises et les particuliers

Le programme de l'alliance CDU/CSU repose sur une baisse de la fiscalité. Elle souhaite réduire l'impôt sur les sociétés à 25% et revoir à la baisse l'impôt sur le revenu. La CDU et la CSU souhaitent aussi supprimer la taxe de solidarité, instaurée historiquement pour financer la réunification allemande et l'égalité entre les régions. Les deux partis se positionnent en toute logique pour le maintien du frein à l'endettement.

Le candidat au poste de chancelier, Friedrich Merz, propose également de défiscaliser les heures supplémentaires et d'inciter les seniors à travailler au-delà de l'âge de la retraite via des exonérations d'impôts.

• Retour au nucléaire

Le parti conservateur fustige la sortie du nucléaire (pourtant décidée par l'ex-chancelière de ce même parti Angela Merkel). La CDU plaide pour que l'énergie nucléaire joue un "rôle important" dans l'approvisionnement énergétique.

• Moins de normes sociales et environnementales

Pour lutter contre la bureaucratie, les conservateurs proposent par exemple d'abolir la loi qui impose certaines normes en matière de droits de l'homme ou d'environnement sur toute la chaîne d'approvisionnement.

• Revenir sur l'interdiction de ventes de voitures thermiques neuves en 2035

Friedrich Merz veut également revenir sur l'interdiction, décidée par l'Union européenne, de vendre des voitures thermiques neuves en 2035. Mais cette décision ne relève pas de la compétence nationale.

Ce que proposent les sociaux-démocrates du SPD

• Encourager l'industrie made in Germany

Le parti de l'actuel chancelier Olaf Scholz se positionne en défenseur des emplois industriels grâce à un bonus "made in Germany". Cette incitation fiscale prendrait la forme d'un crédit d'impôt à hauteur de 10% pour les entreprises qui investissent dans l'industrie sur le sol allemand. Le parti social démocrate espère que cette mesure entraînera des investissements à hauteur de 20 milliards par an.

De plus, le SPD prévoit des allègements fiscaux pour les petites et moyennes entreprises afin d'augmenter la compétitivité et d'encourager les investissements.

• Investir dans l'avenir

Pour relancer l'économie, Olaf Scholz propose de créer un "fonds pour l'Allemagne" de 100 milliards d'euros, abondé aussi bien par les pouvoirs publics que par les investisseurs privés. Il doit permettre d'investir dans les projets d'avenir, la transition écologique, la modernisation et la digitalisation.

• Instaurer un impôt sur la fortune

Le SPD souhaite instaurer un impôt sur la fortune (pour les patrimoines au-delà de 10 millions d'euros). Le parti propose aussi une réforme de l’impôt sur les successions. Dans le même temps, les impôts des ménages les plus modestes devraient baisser.

• Augmenter le Smic

Le parti d'Olaf Scholz veut augmenter le salaire minimum qui devra passer progressivement de 12,82 euros actuellement, à 15 euros d'ici 2026. Le SPD défend aussi une baisse de la TVA sur les produits alimentaires.

• Réformer le frein à l'endettement

Les sociaux-démocrates ont fait part de leur attachement au frein à l'endettement, mais ils souhaitent le réformer. Ils veulent pouvoir le suspendre dans des cas exceptionnels afin de permettre des investissements pour l'avenir.

Ce que propose le parti d'extrême-droite AfD

• Sortir de l'euro

La formation d'extrême-droite mentionne une sortie de l'euro dans son programme. Elle veut le retour du Deutsche Mark et dit aspirer à une "fédération des nations européennes".

• Baisser les impôts

Comme la CDU, l'AfD veut abolir la taxe de solidarité entre les Länder. Le parti demande aussi une révision du barème de l'impôt sur le revenu avec moins de tranches et des taux d'imposition plus bas. Il propose aussi de baisser fortement les cotisations sociales afin de diminuer le coût du travail. En général, l'AfD se positionne pour le maintien du frein à l'endettement et pour la réduction des dépenses publiques.

• Réduction des normes environnementales

La formation d'extrême-droite veut déréguler au maximum. Elle propose ainsi l'abrogation de nombreuses normes sociales ou de protection de l'environnement (loi sur la chaîne d'approvisionnement, sur les emballages...). Elle demande aussi la suppression des quotas d'émission de CO2.

• Retour au nucléaire et construction de centrales à charbon

Dans son programme, l'AfD demande la construction de nouvelles centrales à charbon et le retour à l'énergie nucléaire. En attendant la mise en service des centrales nucléaires, elle mise sur un mélange de charbon et de gaz.

Ce que proposent les verts de Die Grünen

• Revenir sur le frein à l'endettement

Die Grünen souhaite "moderniser judicieusement" le frein à l'endettement, car il considère que le taux d'endettement zéro est une "hypothèque sur la viabilité de notre pays".

• Sortir du charbon en 2030

Les Verts allemands souhaitent une électricité totalement décarbonée d'ici 2035. Pour atteindre cet objectif, le parti refuse de faire appel au nucléaire et préfère se tourner vers les énergies renouvelables. Les centrales à charbon devront par ailleurs cesser de fonctionner d'ici 2030.

• Investir dans la décarbonation de l'économie

Le parti propose une prime à l'investissement de 10%, limitée à cinq ans. Elle s'appliquerait à toutes les entreprises et à tous les investissements, à l'exception du secteur du bâtiment. Il estime également que l'État et les entreprises doivent investir au moins 3,5% de leur performance économique dans la recherche et le développement.

Les Verts proposent aussi d'investir massivement dans les énergies renouvelables et de renforcer les infrastructures de transport durables.

• Création d'un nouvel impôt

Pour financer ces investissements, un nouvel impôt est envisagé: un impôt global sur les milliardaires, un impôt sur les successions plus équitable ou encore un impôt national sur la fortune sont des possibilités. La formation écologiste prévoit également des allègements fiscaux ciblés pour les familles monoparentales et les bas revenus.

Ce que propose la gauche de Die Linke

• Un programme d'investissements pour la reconversion industrielle

Pour une reconversion sociale et écologique de l'industrie, Die Linke propose de créer un fonds d'investissement de 200 milliards d'euros. Le parti veut également planifier la transition écologique en prenant des parts dans différentes entreprises stratégiques.

• Plus d'impôts pour les plus riches et les grandes entreprises

Sans surprise, le parti de gauche veut faire plus contribuer les plus riches. Dans son programme, Die Linke propose ainsi une hausse de la fiscalité sur les grandes entreprises et la réintroduction de l'impôt sur la fortune. Le parti prévoit en revanche d'alléger les impôts des petits et moyens revenus et de l'augmenter pour les plus riches. Il souhaite également que la taxe foncière ne soit plus répercutée sur les locataires. Le montant du Smic doit également être relevé à 15 euros.

• Abrogation du frein à l'endettement

Die Linke compare le dispositif de frein à l'endettement à un "frein aux investissements" et estime qu'il a créé d'énormes lacunes de financement dans les infrastructures et les services sociaux.

• Sortie du charbon en 2030

Le parti veut une sortie du charbon en 2030 et une énergie 100% renouvelable d'ici 2035 (sans recours au nucléaire).

Marine Cardot