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Union européenne

Thierry Breton estime que l'accord UE/Chine sur les investissements n'était "pas vraiment un accord"

Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton à Bruxelles le 15 décembre 2020

Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton à Bruxelles le 15 décembre 2020 - Olivier Matthys © 2019 AFP

Pour le commissaire européen au Marché intérieur, l'accord sur les investissements discuté avec la Chine était davantage "une intention".

Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a affirmé jeudi que l'accord UE-Chine sur les investissements, actuellement au point mort à cause de tensions politiques, n'était "pas vraiment un accord", mais plutôt "une intention". "Je vais être très honnête avec vous: cet accord n'était pas vraiment un accord", a-t-il déclaré lors d'un échange avec le groupe de réflexion Atlantic Council.

"C'était plus une intention", a-t-il ajouté, à propos de ce compromis trouvé in extremis fin 2020 sous la pression de l'Allemagne, qui exerçait alors la présidence tournante de l'UE. Le Français a rappelé que l'accord, dont les négociations étaient dans l'impasse depuis plusieurs années, avait été annoncé dans une "période intermédiaire aux États-Unis": après l'élection présidentielle, mais avant l'arrivée de l'administration Biden.

"Mettez cela en perspective. En fin de compte, c'était une intention. Ni plus, ni moins (...) Le temps où l'intention se transformera en réalité peut être assez long", a-t-il ajouté. L'UE a récemment durci sa politique vis-à-vis de la Chine, son deuxième partenaire commercial après les États-Unis, avec qui elle s'efforce cependant de maintenir un périlleux équilibre économique et diplomatique. Elle lui a imposé des sanctions pour avoir, selon elle, violé les droits de l'Homme dans la région du Xinjiang. Pékin a répliqué en sanctionnant divers parlementaires européens, des universitaires et le think-tank allemand MERICS.

"Efforts suspendus"

Dans ce contexte, le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, a déclaré mardi que les "efforts" de ses services pour faire ratifier l'accord sur les investissements avaient été "suspendus". "Dans la situation actuelle (...) l'environnement n'est pas propice à la ratification" du texte, a-t-il affirmé. "Les prochaines étapes de la ratification de l'accord dépendront de l'évolution de la situation", a-t-il ajouté mercredi, jugeant "regrettables" les sanctions chinoises.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui souhaite ménager une destination privilégiée pour les exportations de son pays a elle défendu le texte mercredi, qu'elle a qualifié d'"initiative très importante". L'accord avec la Chine vise principalement, côté européen, à ouvrir le très hermétique marché chinois aux entreprises de l'UE.

P.L. avec AFP