Boris Johnson plaide pour son accord de Brexit: une "nouvelle manière d'aller de l'avant"

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré samedi, à l'ouverture d'une séance historique du Parlement, que l'accord de Brexit obtenu à Bruxelles constituait "une nouvelle manière d'aller de l'avant" pour le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Saluant "un nouvel accord meilleur à la fois pour le Royaume-Uni et l'UE", le Premier ministre conservateur a appelé les députés à "se rassembler et à rassembler le pays" et à adopter l'accord, qualifiant le vote prévu samedi de "chance historique" de "réaliser le Brexit" et de "permettre au pays d'aller de l'avant" plus de trois ans après le référendum de 2016.
Arraché in extremis à l'issue de négociations laborieuses, ce nouvel accord est censé régler les conditions du divorce après 46 ans de vie commune, permettant une sortie en douceur assortie d'une période de transition courant au moins jusqu'à fin 2020. Mais son succès est suspendu à l'approbation du Parlement. Or les députés ont rejeté par trois fois le précédent accord de sortie conclu entre l'ex-Première ministre Theresa May et les 27 autres membres de l'UE.
Convoquée pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines il y a 37 ans, la Chambre des Communes a ouvert sa séance à 08H30 GMT (09H30 locales), pour des débats qui pourraient durer toute la journée.
Boris Johnson a déployé tous ses efforts ces derniers jours pour convaincre les députés de soutenir son accord, enchaînant coups de téléphones et interventions à la télévision. Ses arguments semblent avoir fait mouche auprès des Brexiters les plus durs de son Parti conservateur. L'un de leurs chefs de file, Steve Baker, a indiqué samedi qu'ils voteraient pour. Si l'accord est approuvé, il devra encore être validé par le Parlement européen.
Pénuries: denrées alimentaires, essence ou médicaments
En cas de rejet, Boris Johnson a toujours dit qu'il préférait une sortie sans accord à un nouveau délai, le Brexit ayant déjà été repoussé deux fois. Mais une loi votée par le Parlement l'oblige à demander un report de trois mois à l'UE pour éviter un "no deal".
Le dirigeant pourrait se trouver contraint de demander une prolongation même en cas d'approbation, si les députés soutiennent un amendement déposé par le conservateur Oliver Letwin. Leur objectif est de s'assurer que les Brexiters, après avoir donné leur feu vert à l'accord, ne sabotent la loi d'application qui doit être soumise au Parlement la semaine prochaine, ce qui précipiterait le pays vers un "no deal". Un nouveau report serait "inutile, coûteux et profondément destructeur pour la confiance du public", a mis en garde Boris Johnson.
La perspective d'un Brexit sans accord est redouté des milieux économiques, car il pourrait entraîner selon les prévisions du gouvernement lui-même des pénuries de denrées alimentaires, d'essence ou encore de médicaments.
Le gouvernement, sans majorité, a besoin de 320 voix pour valider son accord (si aucun élu ne s'abstient). Les partis d'opposition ont déjà annoncé qu'ils voteraient contre: le parti centriste libéral-démocrate (19 voix) et les nationalistes écossais SNP (35 voix) sont anti-Brexit, le parti travailliste (242 voix) estime que le nouvel accord fragilise les droits des travailleurs, les Verts (1 voix) qu'il ne respecte pas l'environnement... Surtout, ça coince auprès des unionistes nord-irlandais du DUP (10 voix), pourtant alliés de Boris Johnson à Westminster, pour qui le texte octroie un statut différent à l'Irlande du Nord, inacceptable pour eux.