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"Un manque de solutions" pour l'exécutif? Ce que peuvent négocier Borne et les syndicats

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La Première ministre recevra les organisations syndicales la semaine prochaine. Son entourage assure que tous les sujets pourront être abordés, mais le gouvernement préfère se projeter sur d'autres thèmes que celui des retraites.

Enfin une main tendue? Élisabeth Borne a invité ce mardi les syndicats à un rendez-vous à Matignon la semaine prochaine, au moment même où les centrales organisaient la 10ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Une rencontre est prévue lundi, mardi ou mercredi prochain. Dans tous les cas ce sera avant le 11ème round de manifestations qui se déroulera jeudi 6 avril.

L'intersyndicale réclame un geste de l'exécutif depuis des semaines. Elle avait notamment écrit au président de la République dans le but d'échanger avec lui. Reste à savoir les sujets qui seront abordés avec la Première ministre, d'autant plus que Matignon s'est bien gardé de préciser l'ordre du jour.

Pour autant, la macronie a laissé des indices ces derniers jours. Élisabeth Borne comme Emmanuel Macron se sont dits à "la disposition" de l'intersyndicale pour évoquer "l'usure professionnelle, les fins de carrières, les reconversions, les évolutions de carrières, les conditions de travail" ou encore "la rémunération dans certaines branches". Mais pas les retraites.

Le gouvernement refuse une "médiation"

Les membres du camp présidentiel se relaient dans les médias et affirment un à un que le projet de loi "est derrière nous". Tous renvoient le sort du texte à l'avis du Conseil constitutionnel. Les Sages ont jusqu'au 21 avril pour se prononcer sur la conformité de la réforme. L'exécutif espère un feu vert pour gagner en légitimité.

En attendant, il reste inflexible. Dans cette guerre des positions, c'est Laurent Berger qui a quelque peu infléchi son discours. Il n'est plus question d'un retrait de la réforme, mais de la mettre en pause. Le numéro 1 de la CFDT appelle à une "médiation", soit une "discussion" autour de "3 ou 4 personnes" pendant un mois et demi.

Mais, une nouvelle fois, le gouvernement ne bouge pas. "On n'a pas forcément besoin de médiation pour se parler. On peut se parler directement", a indiqué Olivier Véran ce mardi à l'issue du Conseil des ministres.

Pas question de toucher aux 64 ans

Malgré cette fin de non-recevoir, "on ira" à la réunion avec la Première ministre, a expliqué Laurent Berger dans la soirée. Mais ses homologues ne sont pas aussi affirmatifs. "Ça nécessite une discussion entre nous au préalable", dit le CFE-CGC. Idem pour Solidaire et également la CGT qui prépare l'après Philippe Martinez dans un climat de tensions rarement vu au sein de l'organisation syndicale.

De son côté, l'exécutif veut faire la démonstration du dialogue. L'entourage d'Élisabeth Borne indique que "les organisations syndicales pourront aborder l'ensemble des sujets qu'elles souhaitent". De là à négocier?

Pour le report de l'âge légal à 64 ans, c'est niet. Il s'agit du "cœur de la réforme", a défendu ce mercredi Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement. "On ne peut pas changer de ligne à ce point", a également estimé François Bayrou, patron du MoDem.

"Conditions de travail" et "partage de valeur"

En droite ligne de ses déclarations initiales, le camp présidentiel préfère se projeter. Lors de la réunion à Matignon, il s'agira surtout d'échanger autour des "conditions de travail", du "partage de valeur", a expliqué Sylvain Maillard sur France Info.

Et le député Renaissance de Paris d'ajouter que ces sujets feront l'objet de "textes que nous voulons porter dans les semaines qui viennent", dont notamment celui sur le plein-emploi.

Pour autant, le gouvernement pourra difficilement s'en tenir au statu quo.

"Si on reçoit les syndicats à Matignon, il faut quand même qu'il se passe quelque chose. Sinon, si c'est pour rien, ce sera vécu comme une ultime provocation", analyse notre éditorialiste politique Matthieu Croissandeau.

"Manque de solutions"

Mais que reste-t-il dans l'arsenal de l'exécutif? Un grande conférence sociale avec des milliards sur la table? "Ce serait peu compatible avec la fin du quoi qu'il en coûte et à l'Élysée, on considère que ça ne servirait à rien", juge Matthieu Croissandeau.

Quid de la possibilité d'un geste politique? Avec par exemple un report de l'âge légal à 63 ans au lieu de 64 ou une utilisation de l'article 10 de la Constitutiuon pour déclencher une nouvelle lecture du texte. "Pas sûr que tout cela suffise ou que l'exécutif en veuille".

Conclusion: "A trop avoir laissé pourrir la situation", le gouvernement "se retrouve en manque de solutions".

Baptiste Farge