BFM Business
Social

Réforme des retraites: votre pension va-t-elle baisser?

placeholder video
Si le projet du gouvernement est voté, les assurés qui auraient obtenu tous leurs trimestres avant leurs 64 ans bénéficieront d'une moindre surcote.

Travailler plus pour gagner moins que prévu? Depuis la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier, ses opposants alertent sur le risque de voir le niveau de certaines pensions baisser sous l'effet du report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans et de l'accélération de la réforme Touraine, pour atteindre 43 années travaillées en 2027.

Qu'en est-il réellement? Avec la réforme, un certain nombre de salariés se retrouveront à travailler deux années de plus et cotiseront donc davantage. Ce qui leur permettra d'obtenir une pension (complémentaire incluse) plus conséquente: entre +4 et +18% selon les profils, d'après le cabinet de conseil Maximis Retraite.

Cela dit, en l'absence de réforme, une personne qui aurait validé tous ses trimestres avant l'âge légal percevrait déjà aujourd'hui une pension plus élevée si elle décidait volontairement de travailler jusqu'à 64 ans. Et la majoration obtenue dans le système actuel serait même plus importante qu'elle ne le sera avec la réforme.

Perte de surcote

Prenons l'exemple de Claire, salariée née en 1980 qui aurait débuté sa carrière à 20 ans. Avec les règles actuelles, elle pourrait partir à 62 ans au plus tôt. Pour percevoir sa retraite à taux plein (43 années de cotisation), il lui faudra en revanche aller jusqu'à 63 ans. Et si son objectif est de toucher une surcote, elle devra travailler au-delà. Claire gagnera alors un bonus de 1,25% par trimestre supplémentaire sur sa pension de base versée par la Cnav. Soit +5% si elle va jusqu'à 64 ans, +10% jusqu'à 65 ans, +15% jusqu'à 66 ans et +20% jusqu'à 67 ans.

Avec le report de l'âge légal prévu par la réforme, Claire ne pourra pas partir avant 64 ans, même si elle a déjà validé le nombre de trimestres requis. La surcote ne s'appliquera quant à elle que sur les trimestres supplémentaires effectués au-delà du nouvel âge légal. Autrement dit, la majoration de 5% n'interviendra que si Claire travaille jusqu'à 65 ans. Elle pourra ensuite obtenir un "bonus" de 10% si elle va jusqu'à 66 ans, et de 15% jusqu'à 67 ans. Au final, Claire aura perdu une année de surcote, comme le montre le simulateur du collectif Nos retraites.

Effet de la réforme pour une personne née en 1980 et ayant débuté sa carrière à 20 ans
Effet de la réforme pour une personne née en 1980 et ayant débuté sa carrière à 20 ans © Collectif Nos retraites

Diminution de la décote

Contacté à ce sujet, le ministère du Travail rappelle que si la surcote sera moindre avec la réforme, il est prévu en parallèle "une diminution de la décote de 5% par an entre l'âge légal et l'âge du taux plein, pour ceux qui n'ont pas tous leurs trimestres. La décote qui peut aller jusqu'à 25% aujourd'hui sera ainsi limitée demain à 15%" pour ne pas pénaliser les pensions des personnes concernées.

Effet de la réforme pour une personne née en 1980, ayant commencé à travailler à 20 ans avec une interruption de trois ans
Effet de la réforme pour une personne née en 1980, ayant commencé à travailler à 20 ans avec une interruption de trois ans © Collectif Nos retraites

Ainsi, certains assurés dont la carrière est incomplète pourraient ne pas subir d'effets négatifs sur leur pension. Même si cela est loin d'être mécanique. Dans son dernier rapport, l'Institut des politiques publiques estimait en effet que "les personnes invalides et inaptes et les personnes à carrière incomplète seront, pour une partie d’entre elles, touchées en termes de montant de pension".

"Celui-ci est en effet, lorsque la carrière est incomplète, calculé au prorata de la durée validée par rapport à la durée de référence. L’accélération de celle-ci se traduira donc, pour les générations concernées, par une baisse de ce prorata, et donc une diminution de la pension", ajoutaient les experts de l'IPP, avant de conclure qu’un relèvement de l’âge minimal à 64 ans combiné à une hausse plus rapide de la durée requise s’avère, pour les personnes à carrière incomplète des premières générations touchées par la réforme, moins favorable que le scénario initial d’un relèvement plus marqué de l’âge minimal sans accélération de la durée requise".

Les assurés qui devaient déjà travailler au-delà de 64 ans dans le système actuel pour obtenir une retraite à taux seront en revanche épargnés. Par exemple, une personne née en 1990 qui auraient commencé à travailler à 22 ans pourra partir à 64 ans mais avec une décote de 5%, que la réforme soit appliquée ou non. Il obtiendra dans les deux cas son taux plein à 65 ans, puis pourra prétendre à une surcote de 5% s'il va jusqu'à 66 ans et de 10% s'il va jusqu'à 67 ans.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco