Philippe Poutou fait appel à Teddy Riner pour sauver l'usine Ford de Blanquefort

Philippe Poutou en appel à l'ambassadeur de Ford Teddy Riner pour éviter la fermeture du site de Blanquefort. - GEORGES GOBET / AFP
Philippe Poutou expérimente une nouvelle voie pour sauver l’usine Ford de Blanquefort de la fermeture. L’ex-candidat NPA à la présidentielle, par ailleurs salarié du site et délégué CGT du personnel, a publié mercredi un tweet adressé au tout nouvel ambassadeur de Ford, le judoka Teddy Riner.
Le porte-parole du mouvement anti-capitalisme y demande "à être reçu par @teddyriner" afin de "lui raconter notre lutte pour sauver l’usine Ford Blanquefort et nos emplois (plus de 2000 directs et induits dans la région Bordelaise)", a-t-il écrit sur le réseau social. Le message a été partagé et liké des centaines de fois, mais le judoka devenu représentant du constructeur en ce début 2019 n’y avait pas publiquement répondu ce jeudi matin.
Ford a décidé de fermer son usine de Blanquefort, dans les environs de Bordeaux, en août 2019. Quelques 850 emplois directs sont ainsi menacés, 2000 en comptant les sous-traitants. Le constructeur américain a en outre refusé en décembre l’offre de reprise du site du belge Punch Powerglide, alors qu’elle avait l’appui du gouvernement, de la région, de la métropole et des syndicats. Cette décision a ulcéré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui a fustigé la "lâcheté" et la "trahison" du constructeur.
Face à la détermination de Ford France à cesser l'activité, Philippe Poutou a donc tenté une nouvelle manière de se faire entendre: impliquer l’ambassadeur de la marque, le multi-médaillé olympique Teddy Riner. Le délégué syndical souhaite ainsi dénoncer "le cynisme" de l'entreprise, "qui ferme une usine supprimant des centaines d’emplois malgré des engagements, malgré une possibilité de reprise", et qui, en parallèle, "se paye un ambassadeur de luxe pour soigner son image, se faire passer pour une société sympathique, avec des pub pleines d'humour à la télé".
Des égéries qui ont fait plier des marques
L’initiative pourrait se révéler judicieuse au vu du pouvoir de persuasion des égéries sur les marques qu’elles représentent. On se souvient qu’en 2015, Hermès avait plié face à Jane Birkin. Sensibilisée par une association de défense des animaux, l’Anglaise avait demandé à la griffe de débaptiser son sac iconique en peau de crocodile, le Birkin. Et ce, "jusqu'à ce que de meilleures pratiques répondant aux normes internationales" soient mises en place pour l'abattage de ces animaux. Hermès avait immédiatement promis des sanctions contre ses fournisseurs coupables de manquements, et des contrôles plus rigoureux de leurs pratiques.
On peut aussi citer l’influence vertueuse de Georges Clooney sur la marque de café Nespresso, qu’il représente depuis des années. Sans heurts, l’acteur très engagé pour l’ONU au Darfour, une région ravagée par des années de conflit, avait incité le fabricant des capsules à y investir. En 2013, le géant des capsules avait mis près de 3 millions d'euros sur la table pour faire produire du café responsable et durable au Sud Soudan, permettant à des milliers de petits cultivateurs d'en vivre.