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"Le Medef ne défend pas les entreprises, il défend les patrons": Sophie Binet tacle le meeting à venir de l'organisation patronale et félicite les petites entreprises qui vont le boycotter

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La numéro un de la CGT estime que "ce n'est pas la même chose les grandes entreprises et les petites" et appelle pour le budget 2026, à ne pas faire payer le monde du travail, et à aller chercher l'argent chez "les plus riches et les plus grandes entreprises".

"C'est totalement indécent." La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a critiqué sur BFMTV l'organisation par le Medef d'un "énorme meeting" le 13 octobre pour défendre les intérêts patronaux. Dans le même temps, les syndicats organisent ce jeudi 2 octobre une mobilisation contre l'"austérité budgétaire" et afin de peser sur l'élaboration d'un nouveau budget.

"On a un Medef qui au lieu de défendre les entreprises, défend les patrons les plus riches, il s’oppose à la taxe Zucman qui ne concernerait que 1.800 personnes qui possèdent plus de 100 millions d’euros de patrimoine, ça ne représente pas beaucoup de personnes", a dénoncé la numéro un de la CGT.

Elle s'est d'ailleurs félicité de la décision des deux autres principales organisations patronales (la CPME et l'U2P) de ne pas participer à cette mobilisation lancée par Patrick Martin, patron du Medef.

"C'est très bien qu’il y ait cette clarification, ce n'est pas la même chose les grandes entreprises et les petites", a déclaré Sophie Binet.

"Les problèmes, par exemple, des petites entreprises, ce sont les délais de paiement des multinationales qui ne respectent pas la loi et qui optimisent leur trésorerie en payant extrêmement tard leurs prétataires et ça fait mourir des entreprises", a alerté la syndicaliste.

"Prendre du côté de ceux qui sont responsables du déficit"

Le front patronal est en effet divisé: la CPME et l'U2P ont refusé de s'associer à la mobilisation proposée par Patrick Martin. "On n'a pas de fleur à faire au Medef et on ne représente pas les mêmes entreprises", a estimé le chef de file de la CPME (Confédération des petites et des moyennes entreprises). "C’est quoi le message? Touche pas à mon or ou je m’en vais?", a abondé Michel Picon, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P). "Le Medef décide de ce mouvement au moment de la taxe Zucman. Mais cela fait des années que les petites entreprises souffrent, parfois par le fait des grands groupes. Et on va aller à Bercy asseoir l’épicier de quartier à côté de M. Leclerc? Il y a un peu d’indécence. Le Medef est à côté de la plaque sur ce sujet", a-t-il taclé.

Sophie Binet le rejoint sur le sujet. Selon elle, "pour réduire la dette, il faut aller prendre du côté de ceux qui sont responsables du déficit, c'est-à-dire les plus riches et les plus grandes entreprises".

"Les études montrent que le déficit a augmenté, pas parce que les dépenses ont augmenté, mais parce que les recettes ont baissé, et donc l’impôt des plus riches", a-t-elle dénoncé. Elle assure qu'"Emmanuel Macron a baissé leur fiscalité de 40 à 50 milliards chaque année". Elle a également appelé à travailler sur les aides publiques aux entreprises et sur les exonérations de cotisations sociales.

Que "la copie de François Bayrou soit définitivement enterrée"

Les syndicats appellent à la mobilisation et à la grève ce jeudi 2 octobre afin de peser sur les négociations sur le budget, qui doit bientôt être présenté par le Premier ministre Sébastien Lecornu. "Les arbitrages sont en train de se faire, il ne faut pas rester témoin, il ne faut pas que ça se traduise par des accords politiciens dans le dos des travailleurs", a exhorté la syndicaliste.

Elle exige que "la copie de François Bayrou soit définitivement enterrée" et que le Sébastien Lecornu s'engage sur une véritable rupture. "Le Premier ministre ne nous a toujours pas dit qu’il ne ferait pas l’année blanche, il ne nous a pas dit ce qu’il voulait faire en matière de santé et sur la hausse des franchises médicales par exemple, ni sur les services publiques car le budget de François Bayrou proposait la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires", a-t-elle listé.

"C'est choquant qu'il nous dise que les arbitrages ne sont pas faits alors qu’il va envoyer son projet au Haut conseil des finances publiques", a-t-elle conclu.
Marine Cardot