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"Le budget va se décider dans la rue": sans gouvernement, contre quoi et qui les syndicats se mobilisent-ils?

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Malgré l'absence de gouvernement, les syndicats ont maintenu leur appel à la grève et à la manifestation ce 18 septembre. Ils espèrent établir un rapport de force et pouvoir peser sur les futurs choix du nouveau Premier ministre sur le budget.

Les interlocuteurs se raréfient. Fin août, les différentes centrales syndicales ont décrété une journée de mobilisation pour le 18 septembre, dénonçant les mesures présentées dans le budget, "inacceptables et d’une brutalité sans précédent". Mais à l'époque, le contexte était un peu différent. En effet, François Bayrou était encore Premier ministre et défendait bec et ongle son projet de budget pour 2026. Il avait certes déjà annoncé son intention de se soumettre à un vote de confiance, mais il n'était pas encore tombé.

Après la chute du gouvernement, l'intersyndicale a décidé de maintenir son appel à la grève. Seule une organisation, au niveau professionel, le SNCTA (un des syndicats des contrôleurs aériens) a décidé de repousser sa mobilisation. "La date du 18 septembre n’est plus compatible avec la possibilité de faire aboutir les revendications faute d’interlocuteurs et de temps nécessaire qui leur serait consacré", indiquait le SNCTA dans un communiqué.

Alors pourquoi, au niveau national, les syndicats ont-ils décidé de maintenir leur appel à la mobilisation?

"Aucun acte de rupture"

Un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a certes été nommé mais il n'a pas encore formé son gouvernement. Surtout, il n'a pas encore fait part de son intention (ou non) de reprendre à son compte les mesures budgétaires mises sur la table par son prédécesseur, François Bayrou.

Mais les syndicats craignent que Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, s'inscrive dans la continuité. "À ce stade, le Premier ministre parle de rupture" mais "ne pose aucun acte de rupture", a notamment regretté Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT, à la sortie de son rendez-vous à Matignon. Une des seules choses que l'on sait pour le moment, c'est qu'il a écarté la suppression de deux jours fériés. Alors dans ce contexte, les syndicats espèrent peser, par le rapport de force, sur ses choix futurs.

"Le budget va se décider dans la rue", a lancé Sophie Binet.

"A part les deux jours fériés, il n'a renoncé à rien dans le musée des horreurs qu'Emmanuel Macron avait prévu dans son projet de budget", a appuyé la secrétaire générale de la CGT.

"Regardez la télévision"

Même son de cloche du côté de la CFDT, "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", selon sa responsable Marylise Léon, en dépit de la chute de François Bayrou.

"Les Premiers ministres qui ont fait des promesses de changement de méthode, j'en ai connu beaucoup. Mais j'attends des faits et des preuves", a-t-elle déclaré.

Alors que les responsables syndicaux étaient reçus par le nouveau Premier ministre, Frédéric Souillot, de Force Ouvrière, assure avoir demandé à Sébastien Lecornu un rendez-vous "après le 18 septembre". "Je lui dis 'demain, regardez la télévision, il y aura beaucoup beaucoup de monde mobilisé contre cette violence sociale où on présente juste la facture aux travailleurs'", a-t-il expliqué sur le plateau de BFM Business ce mercredi.

"Et donc j'espère que le Premier ministre aura un éclair de conscience."

Assurance chômage, année blanche... De nombreux griefs

Dans son communiqué, l'intersyndicale dénonce notamment "des coupes dans les services publics, la remise en cause du droit du travail, une énième réforme de l’assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales".

En fonction des secteurs ou des entreprises, certains syndicats ont également des revendications plus spécifiques. Les syndicats de l'éducation nationale dénoncent "la crise structurelle dans laquelle l'École publique est enlisée".

Dans le secteur de l'énergie, la CGT est mobilisée depuis le 2 septembre pour une revalorisation de la grille salariale et une baisse des factures des usagers. Elle sera rejointe par la CFE-Energie le 18.

A France Télévisions et à Radio France, les syndicats ont également appelé à rejoindre le mouvement pour protester contre la réforme de l’audiovisuel public.

Les pharmaciens, mobilisés contre une baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques, sont appelés à une "fermeture massive" des officines et à manifester, selon les deux principaux syndicats du secteur, l'USPO et la FSPF.

Enfin, la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, appelle les agriculteurs "à se mobiliser partout en France" jeudi "pour plus de justice sociale, fiscale et environnementale".

Marine Cardot