"Ils vont se gaver de dividendes": les salariés d'Auchan et de Decathlon se mobilisent contre la famille Mulliez

La colère gronde au sein des enseignes de l'Association Famille Mulliez (AFM). Chez Decathlon, une série de débrayages sont prévus qui vont commencer à partir de ce samedi 7 décembre en pleine période des achats de Noël. De côté d'Auchan, des salariés manifestent depuis ce vendredi matin devant l'hypermarché V2 de Villeneuve D'Ascq. Une première pour le groupe nordiste. Une deuxième journée de mobilisation est prévue ce samedi.
Dans le collimateur, la concomitance de deux événements: un milliard d'euros de dividendes versés à l'actionnaire d'un côté, 2.400 emplois menacés chez Auchan de l'autre.
La galaxie Mulliez, qui détient Auchan, distributeur en difficulté, et des enseignes en forme, comme Decathlon ou Leroy Merlin, est sous le feu des critiques de syndicats, qui se mobilisent depuis le milieu de la semaine.
La CGT a organisé un rassemblement mercredi matin dans le magasin Auchan de Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne. Environ 200 militants ont bloqué l'accès à l'hypermarché, avant une prise de parole de la secrétaire générale du syndicat, Sophie Binet, et de plusieurs parlementaires de partis de gauche, notamment La France Insoumise et communiste.
Mais la mobilisation a depuis gagné du terrain. Ce vendredi matin, la CFDT a ainsi appelé à une mobilisation "inter-enseignes sur des dates très précises".
Auchan et Decathlon, des trajectoires opposées
"C'est purement scandaleux d'avoir cette annonce à ce moment-là précis de l'année, s'est ému Gilles Martin, délégué syndical CFDT Auchan France. Ils vont se gaver avec des dividendes qui ont été générés par l'effort des salariés en pleine période de Noël et en même temps, ils vont licencier des salariés. [...] On se mobilisera de manière interenseignes sur des dates très précises."
Le patron de l'enseigne préféréedes Français a justifié cette semaine le versement de ce dividende record tout en reconnaissant que "le momentum n'était pas idéal au niveau médiatique".
Néanmoins Fabien Derville a assuré que ce milliard d'euros aurait "un usage plus créateur de valeur, pas de richesse". Autrement que cette somme était appelée à être investi dans les enseignes de groupe.
Du côté d'Auchan, c'est un total de 2.389 emplois qui sont menacés alors que le distributeur alimentaire enchaîne les exercices difficiles. Les syndicats attendent des réponses sur les reclassements de salariés ainsi que sur les aides publiques reçues par le groupe sous forme d'allègements de charges.
Les négociations sociales concernant le plan social ont débuté, avec "un calendrier rythmé de manière précise jusqu'à fin février" et l'ouverture d'un plan de départs volontaires, qui courra jusqu'à juin.
Si Auchan et Decathlon ont un actionnaire commun, ils ne font pas pour autant partie d'une même entité. L'empire Mulliez n'est pas un groupe à proprement parler, plutôt une galaxie d'entreprises toutes contrôlées par les membres de l'Association familiale Mulliez (AFM), parmi lesquelles Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger ou encore Norauto.
Ainsi Decathlon se porte bien et a maintenu son niveau de bénéfice en 2023 dans un contexte difficile. À l'inverse Auchan pâtit depuis des années de sa dépendance aux très grands hypermarchés, un format de magasins boudé par les consommateurs. Entre 2012 et 2014, l'enseigne a vu son chiffre d'affaires fondre de 2,3 milliards d'euros. Dans le même temps, son Ebitda a été divisé par six.
