Ces divergences syndicales qui pèsent sur le conflit dans les raffineries

On ne peut pas bien comprendre ce conflit social à rallonge dans les raffineries, sans se pencher sur ce qu’il faut bien appeler des divergences syndicales. Divergences déjà entre les deux principales confédérations, la CGT et la CFDT. Ce jeudi matin sur BFMTV, face à Apolline de Malherbe, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT expliquait qu’il allait proposer que "dès la semaine prochaine, il y ait un nouvel appel à la grève et la manifestation dans toutes les entreprises, publiques comme privées".
Une approche à laquelle ne peut souscrire la CFDT qui cultive son image de syndicat réformiste. Invité ce matin de France Inter, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT insistait lui sur les vertus du dialogue, de la négociation au sein des branches professionnelles et dans les entreprises avant de tacler la ligne de la CGT: "Ce n’est pas l’appel à la convergence des luttes qui va faire l’augmentation des salaires des travailleurs de la propreté, de la sécurité privée, des paysagistes".
La CFDT accusée d'être un "syndicat briseur de grève"
Laurent Berger est d’ailleurs perçu comme un traitre à la cause par les syndicalistes adeptes de la méthode dure. Un communiqué récent de la fédération nationale des industries chimiques, dont font partie les élus CGT des raffineries résume bien cette détestation. Laurent Berger y est accusé de protéger les magnats des multinationales du secteur pétrolier et le gouvernement de Macron et la CFDT, "un syndicat briseur de grève, voué à la défense des intérêts patronaux."
Mais il y a aussi les luttes de pouvoir internes à la CGT. Philippe Martinez a en effet quitté prévu de quitter son poste en 2023. Et il aimerait que ce soit une femme qui lui succède. Marie Buisson, secrétaire générale de la Fédération de l'Education, de la Recherche et de la Culture. Sauf que Marie Buisson n’a pas que des amis, que la ligne qu’elle défend n’est pas très appréciée, notamment à la fédération de la chimie, beaucoup plus puissante que celle de l’éducation.
En arrière-plan, les élections professionnelles dans la fonction publique
Enfin, il y a le contexte électoral avec les prochaines élections professionnelles dans la fonction publique, le 8 décembre prochain. C’est un moment très important pour les syndicats, puisque ça leur permet de mesurer leur influence, leur représentativité. Et l’enjeu de la CGT pour le scrutin du 8 décembre, c’est de rester le premier syndicat de la fonction publique.
Aux dernières élections en 2018, elle était arrivé en tête avec 21,8% des suffrages, mais elle était talonnée par la CFDT, qui en cumulant ses 19% chez les fonctionnaires et ses 27,8% dans le privé (résultats de 2021) peut se targuer d'être le premier syndicat de France.
